Malgré une liste marquée du sceau de la continuité (22 participants au Mondial sur 33 ont été retenus), quelques joueurs ont été écartés par l’encadrement des Bleus pour le Tournoi des Six nations. Excluons d’emblée Antoine Dupontmobilisé pour préparer les Jeux olympiques de Paris 2024 avec le rugby à 7, ainsi que les blessés Jean-Baptiste GrosPierre Bourgarit, Guerre civile Thibaud Flament. Six mondialistes restent donc à quai, et si aucun ne faisait office de titulaire indéboulonnable cet automne, quelques-unes de ces absences peuvent surprendre.
Le déclassement le plus important est sans doute celui de Sekou Macalou (28 ans, 20 capes). Au fil du mandat de Fabien Galthié, le joueur du Stade Français était devenu un élément important de la rotation. Son profil de troisième ligne apte à dépanner à l’aile l’avait installé sur le banc lors de la Tournée d’automne 2022 et du Tournoi 2023. Mais à son poste de flanker, l’avènement de Paul Boudehent l’avait peu à peu fait reculer dans la hiérarchie. Très peu utilisé au Mondial (une titularisation avec les « coiffeurs » contre l’Uruguayune entrée en jeu en quarts), il arrive en plus à court de rythme.
Aucun Montpelliérain retenu
Auteur d’un début de saison quelconque avec le Stade Français, il a été dépassé par Esteban Abadie (26 ans, jamais retenu), excellent sauteur en touche et qui a franchi un cap depuis son arrivée à Toulon cet été. Dans la même veine, l’ouvreur Antoine Hastoy (26 ans, 5 sélections) a été écarté. Retenu pour le Mondial à la faveur de la blessure de Romain Ntamack, l’ex-Palois y avait peu joué (80 minutes contre l’Uruguay). Après une première saison prometteuse à La Rochelle, l’ouvreur a marqué le pas depuis, malgré un rebond début 2024. Derrière l’intouchable Matthieu Jalibert et en attendant le retour de Ntamack, il est dépassé par Antoine Gibert (26 sélections, 0 cap). « Ils aiment mon profil parce que je suis polyvalent », a confié à L’Équipe le joueur du Racing 92.
Enfin titulaire au Racing après le départ de Finn Russell, Gibert peut en effet jouer demi de mêlée. Dans une liste où ne figurent que quatre demis (Lucu, Le Garrec et Jalibert), sa polyvalence peut être en atout en vue, par exemple, d’une présence sur le banc. Sa connexion avec Nolann Le Garrec, autre bizuth du Racing appelé, est un autre atout. Baptiste Couilloud (16 capes), qui était pourtant un prétendant légitime avec l’absence de Dupont, est ainsi le grand perdant à ce poste. Entré en jeu trois fois au Mondial, le Lyonnais a directement enchaîné en club (8 matchs entre octobre et décembre) mais n’a pas joué en 2024, sans que son club ne communique à ce sujet. La faillite collective du LOU (13e du Top 14), dont il est capitaine, ne plaide pas en sa faveur.
Cette méforme en club a aussi été préjudiciable aux joueurs de Montpellier, lanterne rouge du championnat. Cadre depuis 2020 mais à la peine physiquement l’an passé, Paul Willemse (31 ans, 28 sél) n’a pas été retenu. Si le « jeunisme » appliqué au début du premier mandat de Galthié est désormais révolule deuxième ligne est dépassé, dans son rôle de « pousseur », par le Toulousain Emmanuel Meafou, récemment naturalisé. Rappelé pour le Mondial après la blessure de Willemse, Bastien Chalureau (31 ans, 7 sél) n’a jamais joué un rôle majeur chez les Bleus et vient de voir sa peine de six mois de prison avec sursis confirmée en appel.
Bielle-Biarrey et Lebel ont pris Villière de vitesse
Victime des déboires du MHR et individuellement dans le creux de la vague depuis un an et demi, le centre Arthur Vincent (24 ans, 18 sél) a été dépassé par l’émergence des jeunes Émilien Gailleton (21 ans, 1 sél) et Nicolas Depoortere (20 ans, 0 sél). Lui aussi sujet à des pépins physiques et à des performances moyennes en club, Gabin Villière (28 ans, 16 sél) n’apparaît pas non plus dans la liste. Relégué hors groupe après le deuxième match d’une Coupe du monde démarrée comme titulaire au profit de Louis Bielle-Biarrey, le Toulonnais est désormais derrière Matthis Lebel (24 ans, 5 sél), en pleine bourre à Toulouse (7 essais).
A un degré moindre, d’autres non-mondialistes auraient pu prétendre faire partie du groupe. Citons par exemple le deuxième ligne rochelais Thomas Lavault, le deuxième ligne perpignanais Posolo Tuilagi, l’arrière bordelo-béglais Romain Buros ou le trois-quart polyvalent parisien Léo Barré. Mais avec la réduction de cette liste de 42 à 34 joueurs en vertu de l’accord LNR-FFR, les places valent de plus en plus cher.
