Un quadragénaire poursuivi pour avoir menacé au téléphone une responsable de la communauté juive des Vosges a été condamné mardi à trois mois d’emprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel d’Épinal.
Le 14 octobre, une semaine après l’attaque du Hamas en IsraëlMartine Sibéoni, présidente de la communauté juive d’Épinal et de Remiremont, avait été contactée par un numéro masqué à quatre reprises en l’espace de 10 minutes sur son téléphone. Au bout du fil, une personne la menaçait : « Vous êtes la présidente de la communauté israélite des Vosges ? On va faire sauter la synagogue cet après-midi ! »
« On sait où tu habites », « on va te faire payer pour les souffrances causées à notre peuple », ajoutait la voix.
Le quadragénaire nie avoir tenu des propos menaçants
Contactés, les policiers ont identifié l’auteur des coups de fil : un père de famille quadragénaire, sans casier judiciaire, employé dans une entreprise locale. Il a été établi que sa ligne a servi à passer l’un des quatre appels, les autres ayant été émis par un portable fonctionnant avec une carte prépayée appartenant à sa compagne.
À l’audience, l’homme conteste avoir eu des propos menaçants : « J’ai dit : Laissez le peuple palestinien tranquillec’est tout », assure-t-il. Présente à l’audience, Martine Sibéoni affirme que « les propos étaient menaçants ». « Il ne s’est probablement pas rendu compte à quel point c’était angoissant ».
Le procureur de la République, Frédéric Nahon, a requis huit mois de prison ferme pour « menace réitérée de crime contre les personnes en raison de la religion ». « Le prévenu a fait un amalgame entre la communauté juive et ce qui se passe en Israël et en Palestine », a-t-il relevé.
L’homme a, en plus des trois mois de prison avec sursis, été condamné à effectuer un stage de citoyenneté, a été interdit de port d’arme pendant cinq ans et d’entrer en contact avec la victime pendant trois ans.
Une décision « navrante » pour l’avocat du prévenu
L’avocat du prévenu, Julien Hedon, avait plaidé la relaxe. Il juge la décision du tribunal « navrante », estimant avoir « démontré que matériellement il était impossible que (son) client ait réitéré les faits ». Lui et son conseil se réservent le droit de faire appel « pour le principe » dans les dix jours.
La France compte la première communauté juive d’Europe, avec environ 500 000 personnes. En 2023, le nombre d’actes antisémites y a été multiplié par quatre par rapport à 2022.