Renvoyé pour violences volontaires aggravées. Un policier sera jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour des violences volontaires aggravées en janvier 2020 dans la capitale, via des tirs de LBD non réglementaires contre deux manifestants anti-réforme des retraitesa appris l’AFP vendredi de source proche du dossier.
Une vidéo virale, tournée le 9 janvier 2020, montrait un policier, rue Saint-Lazare à Paris, armé d’un lanceur de balles de défense (LBD), tirer sur la foule à environ un mètre de distance, faisant tomber à terre un homme. La préfecture de police avait évoqué une vidéo « parcellaire » et « sortie de son contexte » et justifié l’emploi « de moyens intermédiaires, lacrymogènes et LBD » face à des « personnes violentes ».
« T’en veux encore ? »
Une seconde vidéo, tournée six minutes plus tard au même endroit, montrait le même policier des compagnies de sécurisation et d’intervention (CSI) effectuer un tir de LBD sur un homme, Peter B., situé à une dizaine de mètres, avant de crier : « T’en veux encore ? ». Touché, ce second manifestant avait très rapidement porté plainte. Dans l’une des vidéos, le numéro d’identification personnel RIO du policier, obligatoire mais pas toujours arboré, était visible.
Depuis 2020, une information judiciaire a été ouverte, le policier, Ludovic C., mis en examen, et le premier manifestant, Moukran S., s’est constitué partie civile.
Deux renvois et un non-lieu
Vendredi, une juge d’instruction parisienne a ordonné le renvoi de Ludovic C., 35 ans, pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique, avec arme, ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours, sur les deux manifestants.
Concernant les violences commises sur Moukran S., le parquet de Paris a requis le 20 juillet ce renvoi en procès. Il avait en revanche demandé un non-lieu concernant Peter B., mettant en cause le « contexte » général et le « comportement » du manifestant, rendant le tir « nécessaire » et « proportionné ».
Dans son ordonnance signée vendredi dont l’AFP a eu connaissance, la juge d’instruction estime que les deux tirs n’étaient « ni nécessaires ni proportionnés ».
Usage abusif d’une arme
Me Alice Becker et son client Moukran S. « saluent qu’un juge indépendant reconnaisse l’usage abusif par un policier d’une arme dans l’exercice de ses fonctions dans un contexte de maintien de l’ordre après tous les classements opérés par le parquet et l’IGPN dans le cadre du mouvement des gilets jaunes », ont-ils indiqué à l’AFP. L’avocat de Ludovic C. n’était pas en mesure de commenter. Son client, qui a évoqué une plainte contre des « menaces de mort » le visant, officie désormais dans le sud de la France.
« De nombreux policiers seront condamnés à des peines lourdes dans les prochaines années », a pronostiqué Me Arié Alimi, conseil de Peter B. « La justice va pouvoir enfin agir sur la brutalisation sans précédent du maintien de l’ordre et de l’action policière », espère l’avocat.