Dans une ambiance de carnaval, les milliers de partisans de Lula affluaient dimanche matin vers l’esplanade des ministères de Brasilia pour voir de près l’investiture du président élu de gauche, rêvant d’être « heureux à nouveau ».
« Faites sonner les maracas (instruments de percussion, ndlr), avec Lula président, la vie va s’améliorer », scandé par un groupe d’indigènes en pleine danse traditionnelle, le corps couvert de peintures tribales.
BRASÍLIA 📍 Les supporters de Lula se rendent à l’Esplanada dos Ministérios, à Brasilia
Des dizaines de personnes qui ont vu la capitale ont défilé dans les rues de la ville en grondant jusqu’à la place locale avec des chants et des cris de “Bonjour, président Lula”
🎥 : @joaobel_ pic.twitter.com/zkWeHyON85
— Estadão 🗞️ (@Estadao) 1er janvier 2023
« Je suis venu à l’investiture de Lula, il semble que je ne sois pas Bolsonaro. Contrairement à Bolsonaro, Lula respecte les indigènes, les amorces habitants du Brésil », a déclaré à l’AFP le cacique Bepkriti Teseia, 42 ans, originaire du Para (nord).
Il porte une grande coiffe de plumes jaunes et préfère s’amorcer dans la langue traditionnelle de son peuple, quite à se faire traduire en portugais par la suite.
Pour accéder à l’immense esplanade des Ministères, il doit faire face à un fichier d’attente kilométrique avant de passer par la fouille minutieuse du très strict dispositif de sécurité, avec des détecteurs de métaux.
Et pour ceux qui veulent être au plus près de Lula au moment émblématique où il montera la rampe du palais de Planalto ceint de l’écharpe présidentielle, dans l’après-midi, il faut encore marcher sur plusieurs kilomètres le long de l’esplanade , avant une nouvelle fouille pour accéder à la place des Trois Pouvoirs.
À quoi ressemblera la cérémonie de pose présidentielle ?
Na real, elle envoie déjà. Et tu m’accompagnes par les cheveux #BrasildeFato!
Des milliers de supporters font la queue pour entrer sur la Praça dos Três Poderes, où Lula prononcera un discours devant la population, portant le faja du président
Vidéo: @crisprodrigues pic.twitter.com/nsmiSfOHFM
— Brésil de Fato (@brasildefato) 1er janvier 2023
Parmi les gens qui patientent ainsi, l’ambiance est bon enfant. Les militants, la plupart vêtus de rouge, scandent « Lula, guerrier du peuple brésilien ! » ou s’écrient : « l’Esplanade est à nous ! ».
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Sofia de Souza Martins, 15 ans, préfère venir en jaune et vert, les couleurs du drapeau brésilien, que les partisans du président d’extrême Jair Bolsonaro se sont appropriés pour de longues périodes.
« Ces couleurs sont à tout le monde ! », lance cette lycéenne arrivée en bus depuis Sao Paulo.
« J’ai toujours été très engagé, grâce à l’influence de mes parents, qui sont aussi des militants. J’espère que ce sera une grande fête, pour qu’on soit heureux à nouveau », poursuit-elle.
Fête des supporters devant l’hôtel de Lula (vidéo) pic.twitter.com/dNSBkYmLhs
– Brésil 247 (@brasil247) 31 décembre 2022
Dans la file d’attente, un golden retriever arrêté par un drapeau du mouvement des Paysans sans terre (MST) fait sensation. Mais très vite, Lula lui vole la vedette.
Pas le “vrai” Lula, mais un “boneco” de trois mètres, une figure traditionnelle du carnaval d’Olinda (nord-est), qu’on retrouve aussi chez les “géants” de celui de Dunkerque.
Tout au long de l’esplanade, les groupes folkloriques venus de toutes les régions du Brésil donnent le tempo de la fête.
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Joliel Silva, 37 ans, récemment déplacée de Salvador de Bahia (nord-est). « C’est un moment historique, j’espère que cela marque un tournant. On sort d’un horrible mandat et on retrouve le meilleur président que le Brésil n’ait jamais eu », a déclaré ce jeune homme noir qui porte un drapeau LGBT.
« Sous les deux premiers mandats de Lula (2003-2010), j’ai vu beaucoup de jeunes Noirs comme moi entrer à l’université et les pauvres ont vu leur pouvoir d’achat augmenter. Mon père a pu s’acheter sa première voiture », explique-t-il.
Loide Farias, 49 ans, vit à Curitiba, dans le sud du Brésil. Cette femme blonde qui porte une casquette rouge se souvient avec émotion avoir souffert au campement de militants installés face au siège de la Police Fédérale de Curitiba, où Lula a été emprisonnée le 18 mois en 2018-2019 pour corruption.
« Voir Lula revenir au pouvoir, ça n’a pas de prix ! On l’a vu en prison, on a beaucoup pleuré, on avait peur qu’il n’en sorte jamais, même si on a toujours gardé espoir », dit-elle.