Quiconque avait eu la chance de croiser son chemin n’en ressortait pas indemne. L’émotion vous saisissait. Et comment faire autrement ? Jean Villeret était entré en résistance contre l’ennemi nazi, connu les camps, en était revenu et jusqu’aux derniers temps de sa vie n’avait eu de cesse de mener bataille pour faire prendre conscience aux jeunes générations que la liberté est un bien si précieux.
Ce lundi, ce « miraculé », comme il aimait à se décrire, a poussé son dernier souffle, alors qu’il était dans sa 101e année. Sa disparition suscite « une profonde tristesse », a ainsi réagi le président du département Olivier Capitanio dans un communiqué, qui évoque « un homme exemplaire » rendant « hommage à son engagement indéfectible pour la liberté ». Il parcourrait ainsi les salles de classes des collèges du département notamment, « enjoignant à la vigilance et prônant la liberté ». Alors que la municipalité de Maisons-Alfort salue sa « personnalité exceptionnelle » et le « formidable messager de la mémoire » qu’il était.
La libération du camp de Dachau, c’était comme « Noël », racontait-il
Ce combat pour la liberté, il l’avait démarré dès 19 ans en rejoignant la zone libre avec trois copains. Il avait intégré les FTP (Francs-tireurs et Partisans) en 1943, avant d’être arrêté à Créteil sur dénonciation et déporté en juillet 1944, au camp de Natzweiler-Struthof, puis à Dachau, où il restera jusqu’à la libération du camp par les troupes américaines, le 29 avril 1945.
« Quand j’ai vu les premiers soldats américains, ce fut quelque chose d’inoubliable. Cinq ans à attendre le débarquement et les troupes alliées. C’était Noël. Le monde allait vivre dans la paix », évoquait-il à la tribune dressée en son honneur dans les salons de la mairie d’Alfortville, en mars 2019, lorsque Luc Carvounas (PS) lui avait remis les palmes académiques. L’année suivante, c’est à Maisons-Alfort que le tourneur mécanicien de métier recevait les insignes de commandeur de l’Ordre national de la Légion d’honneur.
« Ces dernières semaines, il montrait quelques signes de fatigue et avait connu quelques alertes », confie ce lundi après-midi le maire d’Alfortville. Lui qui l’avait marié à l’âge de 90 ans, retient « l’entrain » avec lequel il témoignait. « Il montait à la tribune dans son habit de déporté et était capable de chanter le Chant des partisans sans note, a cappella. Il va nous manquer. »
En avril dernier, Jean Villeret avait publié un livre d’entretiens, « Un jour, nos voix se tairont », conscient du temps qui passe. Un hommage devrait lui être rendu prochainement à Maisons-Alfort et à Alfortville.