Il évoquait des « gestes thérapeutiques ». Un kinésithérapeute de Strasbourg a été condamné mercredi à 10 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Bas-Rhin qui l’a reconnu coupable de viols sur quatre patientes, des faits qu’il contestait. Gérard Spinner, 70 ans, a également été condamné à une interdiction définitive d’exercer sa profession, et toute activité commerciale ou industrielle.
« C’est un soulagement. Et puis surtout, on a enfin fini, ça fait sept ans qu’on est sur cette procédure, (l’accusé) avait tout fait pour prolonger, prolonger, prolonger les choses », a déclaré une des victimes, faisant référence aux différents appels et pourvoi en cassation qui avaient émaillé la procédure au stade de l’enquête.
À l’issue de deux jours d’audience, la cour, présidée par Antoine Giessenhoffer, l’a reconnu coupable de viols commis entre 2010 et 2016 sur quatre patientes, alors âgées de 19 à 35 ans. La peine est inférieure aux 14 ans de réclusion réclamés par l’avocat général. Au cours du procès, Gérard Spinner a reconnu avoir commis, sur l’une des patientes, des gestes qui n’avaient pas un caractère médical.
« Une incompréhension »
« Il a fait part d’une incompréhension sur ce qu’il avait perçu comme une invitation, dont il a ensuite reconnu qu’il avait mal interprété, et admis qu’en tout état de cause, même sur invitation, il n’aurait pas dû », a indiqué son avocate, Me Monique Berthelon. « Sur les autres, il a clairement maintenu sa position, à savoir qu’il n’avait aucune intention sexuelle, mais qu’il pratiquait des actes thérapeutiques », a ajouté son autre avocat, Me Antoine Tirole.
« Aujourd’hui, l’ordre des kinésithérapeutes rappelle régulièrement, ce qui montre bien que ce n’est pas un acquis, qu’il faut expliquer et obtenir le consentement avant de pratiquer certains actes. Son erreur a été de ne pas être suffisamment clair et prévenant quant à la réalisation de ces actes », ont soutenu les avocats. « Mais c’est aussi une question de génération, le code de déontologie de la profession date seulement de 2008 ».
Outre les quatre victimes, l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes s’était constitué partie civile, et réclamait qu’une interdiction d’exercer soit prononcée. « L’ordre lutte contre toutes les dérives sexuelles qui sont le fait de masseurs-kinésithérapeutes, et se porte systématiquement partie civile dans les affaires criminelles pour rappeler qu’un cabinet doit être un endroit où l’on peut se rendre sans danger », a déclaré son avocat, Me Jérôme Cayol.