Elles étaient sur le point de s’envoler à Dubaï avec leur butin. Elles ont finalement été placées sous contrôle judiciaire dans l’attente de leur jugement. À Trappes (Yvelines), un cabinet dentaire a monté une escroquerie à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) qui lui a permis de rafler plus de 1,3 million d’euros. À leur tête, trois sœurs et un frère domiciliés à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne), à Saint-Denis et au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Tous ont entre 32 et 43 ans.
L’affaire débute le 25 février 2022 lorsqu’un homme pousse la porte du commissariat d’Élancourt pour déposer plainte. Après avoir effectué un détartrage dans ce cabinet, il consulte son compte Ameli et se rend compte que la CPAM a été facturée 8 079 euros pour la pose d’une couronne. « Lui a cru à une erreur au début, raconte une source proche du dossier. Il est allé au cabinet dentaire mais il s’est vu proposer la somme de 4 000 euros pour garder le silence, ce qu’il a refusé. »
Le groupe de lutte contre l’économie souterraine de la sûreté urbaine d’Élancourt ouvre une enquête avec l’appui du service fraude de la CPAM des Yvelines. Les policiers découvrent que les bénéficiaires de la Complémentaire santé solidarité, qui prend en charge les soins des personnes aux revenus modestes, font systématiquement l’objet de facturations de soins fictifs.
Les CPAM des Hauts-de-Seine, du Doubs et du Gers aussi victimes
Le préjudice est estimé à environ 1,3 million d’euros dans les Yvelines sur les neuf mois d’activité du cabinet, ouvert en 2021. Mais d’autres CPAM sont également concernées, notamment dans les Hauts-de-Seine, mais aussi dans le Doubs et le Gers. Pas moins de 46 000 euros supplémentaires ont été détournés dans ces départements. « Compte tenu de l’ampleur de l’escroquerie, en lien avec les différentes CPAM, le travail d’enquête a été très long », précise cette même source.
Alors que le parquet de Versailles ordonne la saisie, de 1,2 million d’euros sur le compte du cabinet dentaire, de 80 000 euros sur le compte d’une des gérantes et de 60 000 euros sur le compte de l’autre, les forces de l’ordre procèdent aux interpellations des quatre membres de la famille suspectés le 25 janvier 2023. Le frère est bien connu des services de police pour d’autres faits. Lui et l’une de ses sœurs sont finalement laissées libres à l’issue de leur garde à vue.
Mais pour les deux autres, la procédure continue. « Lors de l’interpellation on a retrouvé chez elles des affaires emballées et des cartes de résidents à Dubaï », précise la source policière. Les mises en cause étaient donc sur le point de quitter le pays. Auditionnées, elles ont fait valoir leur droit au silence. L’audience devant le tribunal judiciaire de Versailles pour escroquerie est fixée en juin 2023, elles encourent sept ans de réclusion criminelle et 750 000 euros d’amende.