Elle est forcément « triste, vidée » mais « tient le coup, pour Lucas ». Pour la première fois depuis le suicide de son adolescent de 13 ansvictime de harcèlement, Séverine a pris la parole dans le quotidien régional Vosges Matin. Elle explique que depuis trois semaines et ce drame, la famille s’est éloignée des informations et réseaux sociaux. Elle s’est mise en retrait de son activité professionnelle pour se consacrer à ses deux autres enfants.
Mais cela n’évacue pas sa colère. Un sentiment qui sera « toujours présent parce que cela a été soudain, incompréhensible », souffle-t-elle, souhaitant respecte le travail d’enquête en cours. Malgré le temps qui passe, elle concède « qu’il est encore trop difficile » de parler de Lucas.
Elle estime que tout n’a pas été fait pour protéger Lucas, « sans quoi il serait encore là ». « Beaucoup de monde a des torts », répète-t-elle. Mais elle assure n’avoir aucun esprit de vengeance pour autant. Elle redit avoir effectué « deux ou trois signalements » du harcèlement de son fils auprès de l’établissement scolaire. Ainsi qu’avoir identifié des protagonistes éventuels.
Une marche blanche organisée dimanche prochain
Dans les colonnes de nos confrères, la mère de famille souhaite aussi porter un message d’espoir, « dire que dans la vie, on fait ce qu’on veut ». « Peu importe le regard des autres. Il faut s’aimer soi-même », implore celle qui attend désormais « que les torts soient reconnus. Que justice soit faite ». Elle veut faire intervenir les harceleurs dans des actions de sensibilisations, « montrer aux harceleurs la portée de leurs actes ». Un message de prévention qu’elle compte déjà voir porté, dimanche prochain, à 14 heures, à Épinal, pour une marche blanche.
Quatre mineurs de 13 ans, eux, vont être « jugés pour harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide » de Lucas, du même âge, qui a mis fin à ses jours début janvier à Golbey (Vosges). « Suite à l’ouverture de l’enquête préliminaire, quatre mineurs ont été placés en garde à vue par la sûreté urbaine du commissariat d’Épinal », avait indiqué dans un communiqué le procureur de la République d’Épinal, Frédéric Nahon.
« Lors de leurs auditions, les mis en cause, deux filles et deux garçons âgés de 13 ans, scolarisés dans le même établissement que Lucas, ont uniquement admis avoir proféré à plusieurs reprises des moqueries à l’encontre de leur camarade », a poursuivi le magistrat. Les proches de Lucas estiment qu’il s’est suicidé après avoir été harcelé en raison de son homosexualité.
Le procureur a aussi annoncé l’ouverture d’une « enquête incidente contre X pour non-dénonciation de mauvais traitements sur mineurs ». « Les investigations se poursuivent donc sur ce point », a-t-il conclu. Lucas avait écrit dans son journal intime « un mot expliquant sa volonté de mettre fin à ses jours », avait déclaré lors d’une conférence de presse Frédéric Nahon le 13 janvier.