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Séismes en Turquie et en Syrie : pourquoi le bilan est-il si lourd ?

by Jamesbcn
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Le bilan s’alourdit d’heure en heure. Deux séismes de magnitude 7,8 et 7,5 ont frappé dans la nuit et la matinée ce lundi le sud-est de la Turquie et la Syrie voisine. Des régions entières ont été ravagées. En fin de journée, les autorités des deux pays faisaient état de plus de 3 000 morts ainsi que de milliers de blessés -et les chiffres devraient augmenter. C’est le tremblement de terre le plus violent depuis celui d’Izmit, le 17 août 1999. Survenu lui aussi au cœur de la nuit, il avait causé plus de 17 000 décès.

Ce lundi, le premier séisme s’est déclenché dans le district de Pazarcik, au nord de Gaziantep, près de la Syrie, à 4h17 heure locale. « Or ce n’est pas en pleine nuit qu’on a les meilleures réactions devant une catastrophe », souligne auprès du Parisien Jean Virieux, sismologue et professeur émérite à l’université de Grenoble-Alpes. Pas facile, alors qu’on émerge d’un sommeil profond, de penser immédiatement à « se protéger, ainsi que sa famille, en se mettant dans les coins des chambres », avance le spécialiste.

La situation géographique du premier séisme, à Gaziantep, ville de deux millions d’habitants, a aussi contribué à accroître sa dangerosité. La région a en effet connu « un fort développement économique et démographique » au cours des trente dernières années, rappelle Jean Virieux. Après les premières secousses, de nombreux immeubles se sont écroulés, piégeant les habitants sous les décombres. « Ce ne sont pas les séismes qui tuent, ce sont les bâtiments qui s’effondrent », insiste le professeur émérite.

Règles parasismiques pas respectées

Des règles de construction parasismiques, qui permettent aux bâtiments de limiter les risques d’effondrement, existent pourtant en Turquie. « Les ingénieurs turcs sont très compétents, du fait notamment de la fréquence des séismes dans le pays. Mais l’application de ces règles n’est pas contrôlée », explique Jean Virieux, qui affirme que l’impact aurait été moindre au Japon ou en Californie, également soumis au risque sismique. « Le développement est moins organisé en Turquie qu’aux États-Unis ou au Japon. Si le risque zéro n’existe nulle part, on peut néanmoins réduire fortement l’impact. »

Les conséquences du séisme de ce lundi ont également été amplifiées par la nature même du tremblement de terre, qui était proche de la surface. Il s’agit d’une faille dite « décrochante », c’est-à-dire que les deux blocs séparés coulissent horizontalement l’un par rapport à l’autre. Or « les bâtiments sont très sensibles à ces vibrations horizontales », ajoute le spécialiste.

Face à l’ampleur des dégâts, les secours sont débordés. La Turquie et la Syrie ont lancé un appel à l’aide internationale. Des équipes de l’Union européenne, dont la Francese sont immédiatement mobilisées et des annonces similaires sont venues du Royaume-Uni, d’Inde, ou encore d’Azerbaïdjan.

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