Un Ukrainien, représentant selon les autorités un « trouble à l’ordre public », a été enfermé en centre de rétention près de Paris en vue de son expulsion vers son pays, a-t-on appris mardi, une décision jugée « scandaleuse » par La Cimadel’association qui l’accompagne.
L’Ukrainien de 37 ans, qui s’est vu délivrer le 3 juillet une obligation de quitter le territoire français (OQTF) a été placé le week-end dernier au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelotaccolé à l’aéroport parisien de Roissy, où sont enfermés les étrangers en situation irrégulière dans l’attente de leur expulsion, selon l’association La Cimade.
« C’est une situation hallucinante et scandaleuse à plusieurs titres : d’abord parce qu’elle intervient au moment où la France offre un accueil inconditionnel aux personnes qui fuient la guerre en Ukraine », a déploré auprès de l’AFP Paul Chiron, un responsable de La Cimade.
« Ensuite parce que même s’il est originaire d’une région éloignée du front et des combats, l’Ukraine reste un pays en guerre. Cette décision semble donc complètement illégale au regard du droit international, qui proscrit les expulsions vers des pays en guerre », explique le responsable associatif, dont l’organisation accompagne cet Ukrainien depuis quelques jours.
Défaut d’assurance et vols à l’étalage
L’intéressé a été interpellé par la police et placé en garde à vue le 3 juillet à Montgeron (Essonne) « pour vol à l’étalage », selon l’OQTF « sans délai » émise par le préfet de l’Essonne le jour-même et consultée par l’AFP.
Le préfet estime que l’Ukrainien, qui a déjà fait l’objet de 29 signalements (défaut d’assurance, douze vols à l’étalage…), présente un « comportement » qui « constitue un trouble à l’ordre public », pour justifier son OQTF.
Aux policiers qui l’ont entendu, l’homme a expliqué vivre en France depuis 2002, être marié et père de deux enfants. Mais il « n’a effectué aucune démarche en vue de régulariser sa situation administrative », peut-on lire dans le document. Surtout, a estimé le préfet de l’Essonne, il « n’allègue pas être exposé à des peines ou traitements contraires à la convention européenne des droits de l’homme en cas de retour dans son pays d’origine ».
Ni la préfecture de l’Essonne ni le ministère de l’Intérieur n’ont répondu aux sollicitations de l’AFP.