Depuis le trottoir, impossible de louper la colonne noircie par les fumées. Cette barre d’immeuble de la rue d’Alembert, à Sainte-Geneviève-des-Boisaffiche un triste visage ce lundi matin. C’est ici, au cœur du quartier Saint-Hubert, qu’un violent incendie s’est produit, dimanche, en fin d’après-midi.
Il était environ 18 h 30. Selon les versions de plusieurs témoins, une quinzaine de jeunes, visage dissimulé, s’est présentée au pied l’immeuble. Certains avec des mortiers d’artifice. L’instant d’après, un déluge de fusées s’abattait sur la façade. Cette voisine a « entendu les tirs, depuis son jardin ». Ça lui a rappelé les émeutes de l’été après la mort de Nahel. Les autres riverains refusent de nous répondre.
Un appartement visé
C’est un appartement bien précis qui aurait été visé. L’usage des mortiers a entraîné des débuts d’incendie sur trois terrasses, avant de se propager à l’intérieur, laissant craindre le pire… Fort heureusement, le bilan humain est rassurant : deux personnes légèrement intoxiquées par les fumées, parmi les 250 riverains évacués par une trentaine de sapeurs-pompiers de l’Essonne et les policiers de Sainte-Geneviève-des-Bois.
Les dégâts sont toutefois considérables. Les trois appartements incendiés ne sont plus habitables. Les familles qui y vivaient (soit quatorze personnes) devront trouver refuge ailleurs. « On y travaille avec les bailleurs », informe le maire (PS) Frédéric Petitta, qui dit avoir reçu les sinistrés lundi matin. Une cagnotte Leetchi a été créée pour leur venir en aide. Le bâtiment abrite aussi la MJC du quartier. Elle n’a pas été touchée par les flammes.
En parallèle, les tirs de mortiers font l’objet d’une enquête de police, confiée à la sûreté départementale. Dimanche soir, un jeune de 16 ans avait été placé en garde à vue. Il serait originaire de Fleury-Mérogis. La piste d’une attaque contre la bande rivale de Sainte-Geneviève ne fait guère de doute. « Depuis deux semaines, c’est très tendu, glisse une source policière. Il y a eu des rassemblements armés, des bagarres… Mais c’est la première fois qu’on en arrive là. »
Ici, comme dans le nord du département, les derniers jours ont été marqués par une hausse des faits de violences. La ville de Sainte-Geneviève-des-Bois, elle, est régulièrement secouée par des affrontements entre bandes rivales. En mai dernier, un jeune de 17 ans avait été grièvement blessé par balles à Saint-Hubert, tout près de l’immeuble incendié dimanche.
« Il y a une telle haine que plus rien ne les arrête. Ce qu’il s’est passé dimanche aurait pu avoir des conséquences bien plus graves », note Claude Carillo, délégué du syndicat de police Alliance dans le 91, qui demande des « sanctions judiciaires fortes » contre les auteurs. Les rues de Sainte-Geneviève, en particulier le quartier Saint-Hubert, vont faire l’objet d’une « présence policière renforcée », conclut le maire.