Sixième soirée de tensions. De nouveaux rassemblements sauvages avaient lieu un peu partout dans l’Hexagone ce mardi soir, au lendemain de l’échec de deux motions de censure à l’Assembléesynonyme d’adoption définitive de la très contestée réforme des retraites.
À Paris, 3 500 personnes, selon la préfecture de police, se sont rassemblées place de la République, d’abord dans le calme, avant des affrontements avec les forces de l’ordre sur fond de jets de projectile et de gaz lacrymogènes.
Sur place, notre journaliste a senti l’ambiance se tendre en début de soirée, avant un retour au calme plus tard. Selon une source policière, 46 personnes ont été interpellées dans la capitale. Cela reste moins que la veille, où 234 personnes ont été interpellées dans la capitale (287 au total en France).
Quelques heurts se poursuivaient peu avant minuit vers Bastille, où les tensions se sont finalement concentrées et où des poubelles étaient encore en feu.
D’autres cortèges se sont tenus à Lille ou à Grenoble, ainsi qu’à Rennes, à Nantes et au Mans. À Lille, des échauffourées ont opposé la police à quelque 250 jeunes, qui ont notamment brûlé quelques poubelles et brièvement perturbé le festival Series Mania. Aux alentours de 21 heures, quelques dizaines de manifestants ont tenté de faire irruption sur le tapis rouge du festival, criant notamment des slogans anti-Macron, mais ont été rapidement repoussés par une charge policière, a constaté une journaliste de l’AFP. Selon plusieurs témoins sur place, les manifestants ont tenté de soulever les barrières de sécurité et perturbé le show, alors que l’actrice américaine Marcia Cross venait de défiler sur le tapis rouge.
Quatre interpellations à Rennes
À Rennes, 4 000 personnes dont une partie portaient des flambeaux selon les organisateurs, 1 200 selon la préfecture, ont déambulé dans le centre-ville dans le calme. Quelques centaines d’entre eux ont toutefois poursuivi leur route pour une « manif sauvage », se séparant en petits groupes pour déjouer le dispositif policier. Vers 23 heures, la préfecture d’Ille-et-Vilaine faisait état de onze interventions des pompiers sur des départs de feu, dont un véhicule embrasé par un feu de bac à ordures voisin, et de « quatre interpellations pour incendie et rébellion ».
À Nantes, les 10 000 manifestants selon les syndicats, 4 100 selon la police, qui portaient pour certains d’entre eux des torches, scandaient notamment : « Carrières hachées, retraites à chier ! ». En marge du cortège, des dégradations ont été commises, notamment des commerces saccagés et des tags comme « 49.3 ça passera pas » ou « Macron ne comprend que l’émeute ».
Ces rassemblements font suite à l’échec lundi de deux motions de censure à l’Assemblée, entérinant l’adoption de la réforme des retraites. Une première vague de manifestations a eu lieu dans plusieurs villes de France lundi soir et près de 300 personnes ont été interpellées, dont 234 à Paris.
Emmanuel Macron a estimé ce mardi soir qu’il fallait « apaiser » et « écouter la colère » des Français après l’adoption contestée du texte par le Parlement, tout en affirmant que « la foule » n’avait pas de « légitimité » face aux élus.
Ces mots ne risquent pas de calmer la colère populaire alors que la neuvième journée de mobilisation intersyndicale est prévue jeudi et s’annonce particulièrement tendue. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a annoncé à cette occasion le déploiement de 12 000 policiers et gendarmesdont 5 000 à Paris, soit le dispositif le plus important depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites.