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Quatre prisonniers djihadistes se sont évadés dimanche soir de la prison centrale de Nouakchott, la capitale mauritanienne, après un échange de coups de feu au cours duquel deux gardes nationaux ont été tués, a indiqué le ministère de l’Intérieur.
“La Garde nationale a renforcé son contrôle sur la prison et a immédiatement commencé à traquer les fugitifs afin de les arrêter au plus vite”, a indiqué le ministère dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle lundi matin.
Deux autres gardes ont été blessés, a-t-il précisé. L’identité des prisonniers évadés n’a pas été donnée.
Après l’évasion, qui, selon le ministère, a eu lieu dimanche à 21h00 (21h00 GMT), il a demandé aux gens de rapporter toute information qui pourrait aider à arrêter les fugitifs.
Selon un responsable militaire s’exprimant sous couvert d’anonymat, deux des prisonniers avaient été condamnés à mort, tandis que les deux autres attendaient leur procès pour appartenance à une organisation terroriste.
La même personne a déclaré que son véhicule avait été retrouvé au nord-est de Nouakchott.
La peine de mort n’a pas été appliquée en Mauritanie depuis 1987.
Attaques djihadistes rares
Il n’y a pas eu djihadistes attaques en Mauritanie depuis 2011, mais le pays partage une frontière avec le Mali, où une insurrection jihadiste qui a commencé en 2012 s’est propagée à d’autres pays du Sahel.
L’absence d’attaques sur le sol mauritanien – ainsi que les déclarations faites aux États-Unis – ont alimenté les suggestions selon lesquelles un pacte secret de non-agression existe entre Nouakchott et les djihadistes.
Les États-Unis ont affirmé avoir trouvé des documents en 2011, dans la cache pakistanaise où l’ancien chef d’Al-Qaïda Oussama ben Laden a été tué, mentionnant une tentative d’attentat rapprochement entre le groupe et le gouvernement mauritanien en 2010.
Le gouvernement réfute cela.
En 2005, des groupes islamistes se sont développés en Algérie, un voisin du nord, et la Mauritanie a commencé à être attaquée.
En 2008, l’ancien chef de la sécurité présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a pris le pouvoir par la force et un an plus tard a été élu président.
Tous les scrupules des pays occidentaux quant à son ascension au pouvoir ont été mis de côté.
Compte tenu du nombre de Mauritaniens dans les groupes jihadistes émergents du nord du Mali, le sentiment était que “la menace jihadiste pourrait s’étendre à la Mauritanie”, a déclaré un expert français à l’AFP en 2020.
Abdel Aziz, qui a démissionné en 2019, est actuellement jugé en Mauritanie pour abus de pouvoir, trafic d’influence, blanchiment d’argent et enrichissement illicite.
Sous le régime d’Abdel Aziz, la France et, dans une moindre mesure, les États-Unis ont envoyé des instructeurs pour soutenir les unités antiterroristes et renforcer le renseignement mauritanien.
Bataille des esprits
Les autorités mauritaniennes, pour leur part, ont commencé à investir dans la formation et la rétention des soldats.
Les dépenses militaires ont augmenté, fournissant un équipement meilleur et plus récent, la solde des soldats a été versée directement à la banque plutôt que par l’intermédiaire d’officiers, et les soldats ont reçu des prestations sociales.
La frontière est étroitement surveillée, alors que dans d’autres pays du Sahel, la porosité des frontières est un point faible notoire.
Dans le même temps, Nouakchott a lancé une bataille des esprits pour dissuader les jeunes vulnérables de rejoindre les djihadistes.
En 2010, un dialogue entre d’éminents universitaires musulmans et environ 70 djihadistes emprisonnés a conduit une cinquantaine de détenus à se repentir.
Certains ont été envoyés pour parler à la télévision et dans les mosquées, prêchant aux jeunes les dangers du djihad.
Plus de 500 imams ont été recrutés et les jeunes ont reçu une formation professionnelle après leur sortie des écoles islamiques, leur donnant la possibilité de gagner leur vie.
Dans un effort pour stimuler l’activité économique et mieux fournir les services locaux, les autorités ont également été le fer de lance de la création de nouvelles villes dans le désert, notamment Nbeiket Lahwach, Termessa, Bouratt et Chami.
Dans d’autres pays du Sahel, la pauvreté et le vide de l’État ont offert des opportunités aux djihadistes.
(AFP)