Nul, bien sûr, ne l’avait imaginé comme cela, rêvé que pour ses retrouvailles avec les quarts de finale de Ligue des champions, Paris se ferait tanner le cuir, prendre à son propre jeu et chiper la victoire par son meilleur ennemi. Mais aussi attirante soit-elle, la plus belle compétition européenne est aussi d’une cruauté sans égale avec ceux qui lui font la cour avec une trop grande naïveté et en oubliant que d’autres prétendants, eux aussi sur les rangs, peuvent se montrer plus séduisants et d’une redoutable efficacité. Si besoin en était, c’est un peu ce que le Barça du « jeune » Xavi a rappelé au Paris de l’expérimenté Enrique ce mercredi soir à l’occasion de ce quart de finale aller, tout feu, tout flamme.
Cela faisait plus d’un an, depuis le huitième aller perdu sans vraiment jouer face au Bayern de Munich (0-1), que Paris ne s’était plus incliné à domicile sur la scène européenne. Le revers concédé ce mercredi soir sur un score pourtant bien plus lourd (2-3) n’a paradoxalement pas renvoyé les mêmes signaux, ni donné l’impression d’avoir causé autant de maux aux cerveaux des vaincus.
Sur la pelouse comme en zone mixte, bien sûr, le contraste entre les visages barcelonais, rayonnants, et ceux des Parisiens, plus sombres, ont sauté aux yeux. Mais loin de tomber dans un catastrophisme généralisé ou de s’appuyer sur un discours de circonstance plus que de conviction, tous les Parisiens n’ont affiché que des marques crédibles de détermination à inverser la vapeur dans six jours à Montjuic. D’abord parce qu’aucun d’entre eux n’a fui les responsabilités et les loupés du jour, à commencer par Luis Enrique.
« Le résultat me donne tort. J’accepte les critiques »
« Je pensais avoir choisi les meilleurs, a ainsi avoué le coach en référence aux choix discutables, notamment celui de laisser Zaïre-Emery sur le banc, dans son onze de départ. Le résultat me donne tort. J’accepte les critiques. J’accepte ce que la défaite implique. » Et l’Espagnol d’ajouter : « C’est une défaite que nous n’aimons pas. On a été dominés en première période. Après leur but, nous avons douté. Barcelone est une très bonne équipe. On a été meilleurs en seconde période, on a changé le match. On a eu de bons moments, des moments difficiles mais au final le résultat est mauvais. »
« Il y a de la frustration après un tel résultat, a d’ailleurs reconnu Marquinhos après le passage de Pedri et Raphinha tout sourire en zone mixte. Dès demain (ce jeudi)le coach va analyser ce qui n’a pas marché ce soir. Certains petits détails ont fait la différence, le Barça a réussi à nous mettre en difficulté quand il a joué vers l’avant et il a contrôlé ce match au milieu de terrain. Ils ont vraiment été en supériorité dans l’entrejeu. On a fait des ajustements en deuxième période, les changements nous ont permis d’être mieux en place. Mais les deux buts qu’on prend à la fin, on doit les éviter. Si on veut aller chercher la victoire à Barcelone, il faut éviter ce genre de buts, surtout dans un temps fort. » Une lucidité que le nouveau recordman du nombre de matchs disputés sous le maillot parisien (436) greffe à un élan d’optimisme : « Mais dans le vestiaire, tout le monde s’est parlé et s’est montré bien motivé pour le match retour. »
Désormais, il leur reste six jours pour tenter d’inverser la tendance, de réaliser l’impossible, l’impensable, l’exploit : une petite remontada sur la pelouse des Catalans. Jamais le PSG ne s’est qualifié au tour suivant après avoir perdu le match aller à domicile en Ligue des champions. Le club parisien devra donc en passer par là pour tenter se faire une place dans le dernier carré de cette compétition qu’ils n’ont plus atteint depuis 2021. Les motifs d’espoirs existent : suspendu ce mercredi, Achraf Hakimi sera de retour, Bradley Barcola, entré à la mi-temps, pourrait dynamiter d’entrée un jeu parisien stéréotypé et on peut se dire que Kylian Mbappé, transparent sur la pelouse du Parc des Princes, ne pourra pas être plus fantomatique la semaine prochaine en terre barcelonaise.
« Ils sont venus gagner ici, nous, on doit aller gagner là-bas »
Une qualification serait une véritable performance, mais la seule perspective de se retrouver en demi-finale de la Ligue des champions motive plus que jamais les hommes de Luis Enrique. « Il y a une demi-finale de Ligue des champions qui nous attend. On est tous motivés et on a tous envie de se qualifier, lâche Lucas Hernandez, vainqueur de cette compétition en 2020 avec le Bayern Munich. Je pense qu’avec cette équipe et ce coach on va tout faire pour aller à Barcelone pour le faire. Je suis confiant : on a l’équipe pour faire un résultat et on va aller là-bas à Barcelone pour gagner le match et nous qualifier. »
Dans les minutes qui ont suivi cette défaite, c’est cet optimisme, cette croyance et cette envie de s’arracher, pour poursuivre cette épopée européenne, qui ressortait du vestiaire rouge et bleu. Ce revers subi a fait mal mais il n’a pas mis à terre des Parisiens déterminés à corriger ce qui a été mal fait ce mercredi soir pour ne pas reproduire les mêmes erreurs mardi prochain sur la pelouse du stade Montjuic.
« Après le match, tout le monde s’est parlé dans le vestiaire, on s’est dit les choses entre nous, confie le capitaine Marquinhos. On s’est dit la vérité, on a parlé du résultat, des buts que nous avons pris, des choses que l’on devait améliorer. C’est dans ces moments-là qu’on doit aller de l’avant, se motiver et améliorer les choses pour le match retour. Tout est ouvert. Ils sont venus gagner ici, nous, on doit aller gagner là-bas, comme on l’a fait contre la Real Sociedad. On doit jouer notre jeu et faire ce qu’on a de mieux. Il y a une très bonne équipe en face, donc il faudra faire un match plein dans une semaine. »
Le mot de la fin revient au plus optimiste des optimistes : Luis Enrique. Fidèle à ses habitudes, le technicien espagnol s’est dit convaincu par une inversion de la tendance dans six jours. Il y a sept ans, il était l’artisan de la fameuse remontada qui avait permis au Barça de renverser le PSG au Camp Nou. Sept ans plus tard, la mission est moins périlleuse, inutile de dire, donc, que sa foi demeure inébranlable. « Je n’ai aucun doute que l’on peut atteindre cet objectif. Le changement de la règle du but à l’extérieur permet d’avoir des matchs ouverts en Ligue des champions. Nous n’avons pas perdu à l’extérieur en Ligue 1. Nous avons six jours pour nous préparer à ce match. » Et continuer d’y croire…