Ils voulaient s’attaquer à des migrants, des mosquées et au président de la République. Jusqu’à cinq années de prison ont été requis, ce jeudi, contre 13 membres du groupe d’ultradroite des Barjols.
La peine la plus lourde a été réclamée contre Jean-Pierre Bouyer pour son rôle jugé « moteur » dans un projet d’assassinat d’Emmanuel Macron fin 2018. La procureure antiterroriste a requis trois ans de prison ferme contre Denis Collinet, le fondateur de ce groupuscule qui véhiculait une « idéologie du chaos » et a été un « incubateur d’actions violentes ».
Tout au long de son réquisitoire, la procureure s’est efforcée de restituer à ce dossier son « exacte nature » : « Il ne peut pas faire l’objet d’une analyse binaire », a-t-elle détaillé, « il n’est ni rien, ni tout ». Si leurs projets peuvent sembler « farfelus » ou inaboutis, les membres « actifs » des Barjols ont bien participé à des entraînements et à des réunions de préparation pour s’en prendre à des élus ou à des camps de migrants, avec l’objectif que « la peur change de camp », a clamé la représentante de l’accusation. Selon elle, le projet d’assassiner le chef de l’État au début novembre 2018, dont sont soupçonnés quatre des 13 prévenus, est « l’aboutissement de tout ce qui s’est passé auparavant au sein des Barjols ».
Une interpellation en novembre 2018
Répondant par avance à la défense, la procureure a admis que les Barjols étaient « animés d’une révolte sociale » qui fait écho au mouvement des « Gilets jaunes »alors en pleine éclosion. Mais établir un parallèle entre les deux mouvances reviendrait, selon elle, à « tordre le cou à la réalité des faits ». Les Barjols, a-t-elle argumenté, n’étaient pas focalisés sur le prix des carburants ou en dessous de 80 km/h mais sur une double « obsession » : « la haine » contre les migrants et contre Emmanuel Macron.
La justice reproche aux membres de ce groupuscule d’avoir projeté une action violente contre le chef de l’Étatmais aussi d’avoir envisagé de s’en prendre à des élus ou des personnes de confession musulmane. Quatre d’entre eux, dont Jean-Pierre Bouyer, avaient été interpellés le 6 novembre 2018 alors qu’ils étaient soupçonnés de vouloir s’attaquer à Emmanuel Macron lors d’un déplacement.
Pressé de questions lors d’une audition le temps de l’enquête, dont les images ont été diffusées lors du procès, Jean-Pierre Bouyer avait fini par admettre avoir parlé d’une « lame en céramique » et qu’une attaque contre Emmanuel Macron a pu être vaguement évoquée le 5 au soir. « Oui, on va dire oui », lâchait-il, avant de se défendre, parfois maladroitement, de « vouloir aller jusqu’au meurtre ». « Je ne voulais rien faire cette semaine-là », « c’est pas moi qui aurait tranché la tête du président, ça c’est sûr ».