De nouveaux rassemblements sont attendus mardi au Venezuela, où la tension ne cesse de monter depuis la réélection de Nicolás Maduro dimanche dans une élection présidentielle aux résultats contestés. Depuis lundi, le bilan des manifestations d’opposants au président réélu est d’au moins 11 morts civils, dont cinq à Caracas, selon quatre ONG de défense des droits de l’Homme.
Le ministère de la Défense a évoqué 23 militaires blessés. Le procureur général Tarek William Saab a lui fait état d’une 12e victime, un militaire tué par balle. Il a souligné que « 749 délinquants » avaient été arrêtés dans le cadre des manifestations, certains pour « terrorisme ».
Le pays est sous tension après les résultats contestés de l’élection présidentielle de dimanche. Selon les résultats officiels du Conseil national électoral (CNE), Nicolás Maduro, 61 ans, l’héritier de l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013), a été réélu pour un troisième mandat consécutif de six ans avec 5,15 millions de voix (51,2 %). Et Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, en a recueilli un peu moins de 4,5 millions (44,2 %).
L’opposition, qui espérait mettre fin à 25 années de pouvoir chaviste, avait aussitôt rejeté ce résultat. Lundi soir, elle a assuré avoir les « preuves » de sa victoire, promettant avoir recueilli plus de 70 % des bordereaux de résultats des bureaux de vote et l’avoir emporté avec plus de 70 % de suffrages face à Maduro.
« Loyauté absolue » des forces armées
Le candidat de l’opposition vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire, a appelé mardi l’armée à ne pas « réprimer le peuple » lors d’un rassemblement de l’opposition auquel ont assisté des milliers de personnes. « Messieurs de l’armée (…) il n’y a aucune raison de réprimer le peuple du Venezuela, il n’y a aucune raison de persécuter autant », a-t-il lancé alors que les troubles ont fait au moins quatre morts et des dizaines de blessés.
La cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, qui n’a pas pu être candidate parce que déclarée inéligible, a elle aussi insisté : « Les citoyens militaires ont vu de leurs propres yeux le triomphe d’un pays sur la tyrannie et nous vous adressons ce message : votre devoir est de défendre la souveraineté populaire et de protéger le peuple vénézuélien ».
Mardi matin, le ministre de la Défense vénézuélien, le général Vladimir Padrino, a « réaffirmé » la « loyauté absolue » des forces armées à Nicolás Maduro « président constitutionnel (…) notre commandant en chef légitimement réélu par le pouvoir populaire ». Il a aussi précisé que l’armée agirait « avec force » pour « préserver l’ordre intérieur ».
Un membre de l’opposition arrêté
Dès ce mardi matin, un important cadre de l’opposition vénézuélienne, Freddy Superlano, a été arrêté par les forces de l’ordre à Caracas, a annoncé son parti Voluntad Popular (VP), membre de la coalition de l’opposition qui conteste la victoire annoncée du président sortant.
« Nous devons dénoncer de manière responsable au pays l’enlèvement, il y a quelques minutes, de notre coordinateur politique national Freddy Superlano », a déclaré le parti sur X. Sur les images postées sur le réseau social, des policiers extraient d’une voiture un homme ressemblant à l’opposant et l’emmènent manu militari dans un autre véhicule avant de s’en aller.
Inquiétudes internationales
Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit mardi « extrêmement inquiet » des troubles meurtriers au Venezuela. Ce pays « est à la croisée des chemins. Je demande instamment aux autorités de respecter le droit de tous les Vénézuéliens à se réunir, à protester pacifiquement et à exprimer leur point de vue librement et sans crainte », a-t-il souligné.
La répression des manifestants ou de l’opposition au Venezuela est « inacceptable », a également jugé mardi la Maison Blanche. « Les États-Unis soutiennent les aspirations démocratiques du peuple vénézuélien et leur droit à exprimer leurs opinions librement », a déclaré Karine Jean-Pierre, la porte-parole de l’exécutif américain.
Les Nations unies, les États-Unis, l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique latine ont réclamé un processus « transparent » après le vote, tandis que des États alliés, dont la Chine, la Russie et Cuba ont félicité Nicolás Maduro.