Une affaire qui doit interroger sur les contrôles alimentaires en France. Deux nouvelles plaintes liées au scandale des pizzas contaminées visant le groupe Buitoni, appartenant à Netslé, vont être déposées ce vendredi, pour « mise en danger de la vie d’autrui par faute d’imprudence, de négligence, ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement », et « tromperie aggravée », selon une information de France Info confirmée par le Parisien.
Ces plaintes seront déposées au pôle santé du parquet de Paris contre le groupe Nestlé, ainsi que l’usine de production de pizzas de Caudry, dans le Nord, fermée au printemps 2022 par la préfecture locale. Elles concernent deux familles de l’Hérault et de la Vienne, dont les enfants de 7 ans et 1 an ont été contaminées. L’une avait eu une violente gastroentérite, tandis que l’autre a souffert d’une atteinte rénale qui a entraîné une hospitalisation. Elles n’ont plus de séquelles à ce stade.
Les plaintes visent à souligner que l’usine de Caudry n’avait pas d’agrément sanitaire « pour son activité de produits à base de viande », explique l’avocate Nathalie Goutaland à France Info. Selon le ministère de l’Agriculturel’agrément sanitaire est attribué à « tout établissement qui prépare, transforme, manipule ou entrepose des produits d’origine animale ou des denrées en contenant et qui commercialise ces produits auprès d’autres établissements ».
Les établissements qui mettent « sur le marché des produits dits « composés » », comme des « denrées contenant à la fois des produits d’origine végétale et des produits d’origine animale transformés » ne sont pas concernés, précise aussi le ministère.
Des familles « trompées » sur la qualité des pizzas
Cet agrément, supposé démontrer « la gestion du risque alimentaire d’une usine « avant toute production », est renouvelé « au moins une fois par an », précise Nathalie Goutaland. Or, le site de production des pizzas Buitoni ne disposait pas de cet agrément alors qu’il aurait dû être concerné, puisqu’il produisait des aliments à base de viande, selon les plaignants.
Pour eux, le risque lié aux aliments contaminés par la bactérie Escherichia coli, n’a pas été évalué. Les familles touchées jugent par ailleurs que l’entreprise fabriquant ces pizzas a trompé les consommateurs sur la qualité et la sécurité des produits qui ont atteint leur santé.
Par le biais de cette plainte, l’avocate Nathalie Goutaland, spécialisée en droit de la sécurité alimentaire, veut aussi lancer une interrogation sur « l’organisation des contrôles en France et leur efficacité », soupçonnant les agents chargé de ces contrôles de ne pas avoir vu qu’il était nécessaire de placer l’usine de Caudry sous cet agrément. Contacté par Le Parisien, le groupe Nestlé n’avait pas fait suite à nos demandes ce vendredi matin.
Des dizaines de victimes
Ces nouvelles plaintes font suite au déjà long scandale des pizzas contaminées de la gamme Fraich’Up de Buitoni, pour lesquelles 55 victimes ont adressé une demande d’indemnisation à hauteur de 250 millions d’euros au groupe Nestlé pour « faute lourde ». Le 18 mars 2022, Nestlé avait rappelé ses pizzas et fermé les deux lignes de production de l’usine de pizzas Buitoni de Caudry (Nord), appartenant au groupe Nestlé, après des cas d’intoxication graves par la bactérie Escherichia coli.
Le 1er avril, la préfecture y avait interdit toute activité, les autorités sanitaires ayant établi un lien entre la consommation des pizzas Fraîch’Up et plusieurs cas graves de la contamination par E. coli. Après des perquisitions à Caudry et au siège de Nestlé dans les Hauts-de-Seine, une information judiciaire a été ouverte mi-mainotamment pour homicide involontaire à l’égard d’une personne et blessures involontaires concernant 14 autres.
En juillet, le patron de Nestlé France, Christophe Cornu, avait présenté ses « excuses » aux familles des enfants touchés et annoncé la création d’un « fonds de soutien aux victimes ».
Depuis mi-décembre, la production a repris dans l’usine de Caudry : seule une des deux lignes de production fonctionne, celle où sont fabriquées des pizzas surgelées à pâte cuite, autorisée à rouvrir depuis une décision de la préfecture. La ligne produisant des pizzas à pâte crue de la gamme Fraîch’Up, suspectées d’avoir provoqué la mort de deux enfants et l’intoxication de dizaines d’autres, n’a pas d’autorisation.