Sur le papier, le projet avait tout pour plaire : transformer une ancienne route départementale deux fois deux voies, située en plein cœur de Montreuil, en boulevard urbain doté d’une voie de bus et d’une piste cyclable bidirectionnelle. Il y a deux ans, le début des travaux de transformation du boulevard Gabriel-Péri avait pourtant suscité la colère de nombreux riverains. En août 2022, plusieurs collectifs s’étaient créés pour protéger les victimes collatérales de ce projet urbain : 45 marronniers qui apportaient de la verdure dans cette avenue bétonnéemais dont une petite partie était malade.
Pendant deux mois, les riverains avaient tenté en vain de convaincre le conseil départemental — en charge de la gestion de l’avenue — de ne pas couper cet alignement. La décision avait même été contestée sans succès par un élu d’opposition auprès du tribunal administratif de Montreuil. Deux ans plus tard, de l’eau semble avoir coulé sous les ponts. L’inauguration de la nouvelle avenue s’est déroulée sans encombre jeudi. Il faut dire que le conseil départemental et ses partenaires (conseil régional, métropole du Grand Paris, ville de Montreuil) n’ont pas lésiné sur les dépenses pour réaliser ce projet qui a coûté 7 millions d’euros.
870 m2 d’espaces végétalisés
Une piste cyclable de 2,90 m de large a été aménagée sur 1,3 km. 870 m2 d’espaces végétalisés ont été plantés pour séparer la piste de la route. 75 arbres (charmes, chênes, érables et cerisiers) ont été plantés. Les trottoirs ont été entièrement requalifiés. Des enrobés clairs ont été utilisés pour limiter les îlots de chaleur. L’éclairage public a été rénové. Deux placettes ont également été aménagées.
Durant l’inauguration, Patrice Bessac, le maire (PCF) de Montreuil et Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil départemental sont revenus sur les difficultés qu’ont connues leurs deux collectivités lors de la mise en œuvre de ce projet. « Il a fallu de la volonté et du courage pour affronter un certain nombre de polémiques, a souligné Stéphane Troussel. On nous avait prédit le pire, on a réalisé le meilleur. »
« Les aménagements sont assez exemplaires, estime Louis Belenfant, directeur de l’association Collectif Vélo Île-de-France qui rassemble 42 associations de cyclistes. On a une continuité du marquage cyclable même aux intersections. Les cyclistes sont séparés de la route par la bande végétale. Le confort des piétons a aussi été amélioré. Avant la première coronapisteon ne voyait aucun vélo ici, les automobilistes roulaient vite. Aujourd’hui c’est une voix très empruntée ». Selon le site de données data de Montreuil, l’avenue a enregistré 20 754 passages à vélo entre le 1er et le 10 octobre.