Après l’exceptionnelle et inattendue victoire face au Canada 82-73, le sélectionneur de l’équipe de France Vincent Collet, revient sur le discours qu’il a tenu à ses joueurs, dont il a tenu à souligner l’abnégation défensive lors de ce match fondateur qu’il compare à la victoire face à l’Espagne à Madrid en 2014 lors d’un quart de finale de Coupe du monde.
Que s’est-il passé ces deux derniers jours et quel a été votre discours auprès de vos joueurs ?
VINCENT COLLET. Lors de mon discours, je n’ai même pas parlé de basket. Je suis revenu à mon discours d’ouverture du stage de préparation. Je leur ai rappelé l’opportunité exceptionnelle qu’on a de disputer les Jeux chez nous et ce que ça signifiait dans une carrière et même dans une vie. C’était un moment qu’il ne fallait pas laisser passer, on était capables d’y arriver. Bien sûr qu’on avait raté beaucoup de choses depuis ce premier jour de stage. On a perdu des matchs et on a parfois été en dessous des attentes, mais malgré tout on est au rendez-vous des quarts de finale. Je leur ai dit que tout ce qui s’était passé depuis un mois ça devait nous aider à nous transcender parce que c’était ça le chemin pour aller chercher la qualification. Après, je ne vais pas tout vous raconter en détail !
La sortie médiatique d’Evan Fournier critiquant le style de jeu de l’équipe a-t-elle eu un effet ?
Il y a peut-être eu de l’incompréhension. Je ne lis ni les journaux ni les réseaux sociaux, j’avoue franchement ne pas avoir lu ce qu’il a dit. Après qu’on me l’a rapporté au Club France, je me suis dit que c’était inapproprié et inacceptable.
A-t-il accepté d’être sur le banc ?
Il a été décisif et il s’est surtout mis au diapason sur l’aspect défensif. On a des joueurs qui sont moins défenseurs dans l’équipe et ce soir ça ne s’est pas vu, parce qu’il y avait une telle envie, une telle niaque que tout le monde a fait sa part de travail et ça, c’est une vraie satisfaction ! On ne peut pas aller en finale olympique si on n’a pas une défense hors norme. J’adore mon équipe, elle a du talent, mais on n’en a pas plus que les équipes auxquelles on est opposées, que ça soit le Canada ce soir ou l’Allemagne jeudi. La semaine dernière, nos deux targets défensives c’était Schröder et Wagner et ils ont marqué 52 points à eux deux. S’il se passe la même chose jeudi, on perdra à nouveau.
Est-ce que c’est l’une de vos plus belles victoires tactiques ?
Je suis toujours gêné par rapport à ça parce qu’avant la tactique, c’est d’abord notre cœur et notre état d’esprit qui sont les premiers responsables de cette victoire. On a préparé ce rendez-vous, mais on l’avait aussi fait vendredi et le problème c’était l’engagement. C’est pour ça qu’on a de l’espoir pour le match de jeudi prochain, même si on pourrait penser que cette équipe allemande nous est très largement supérieure. Je pense qu’elle a un petit avantage, mais pas celui qu’on a pu voir vendredi dernier. On va essayer d’inverser la tendance. Je l’ai dit aux joueurs, cette victoire face au Canada est comparable à celle de Madrid en 2014.
Vous avez néanmoins fait des choix forts avec la présence d’Isaïa Cordinier dans le 5 majeur et d’Evan Fournier en sortie de banc ?
Je ne vais pas la ramener, je n’avais pas prévu qu’Isaïa allait faire 4 sur 4 à trois points, on l’a mis dans le cinq pour élever notre niveau défensif. Il faut se rappeler qu’en début de préparation le 5 défensif faisait toujours des bonnes entames. Mettre Guerschon (Yabusele) à la place de Rudy (Gobert) c’était déjà décidé avant qu’il ne se fasse mal au doigt hier. L’idée c’était de faire débuter Victor en poste 5, car même dans cette configuration-là, les Canadiens risquaient de laisser Brooks sur lui. Un duel plus facile dans cette zone qu’au large, où Victor aurait été gêné par son agressivité. Cela voulait aussi dire que Guerschon pouvait se retrouver avec Powell au large et donc bénéficier d’espaces. Concernant Mathias Lessort, on se rappelait que même lors de la déroute de l’an passé, il avait fait souffrir la raquette canadienne en première mi-temps. Ce soir on voulait l’abreuver de ballons. En première mi-temps, il les a vraiment martyrisés à la fois avec des paniers, mais surtout avec des fautes, qui finissent par peser. Au bout d’un moment même les joueurs qui défendent très dur sont obligés d’y aller un peu moins fort.
L’adresse de vos joueurs n’a pas été au rendez-vous ce soir comment l’expliquez-vous ?
On n’a pas été très adroits, même si Isaïa a bonifié ses tirs. On a des joueurs qui ont des shoots ouverts et qui ne les mettent pas, mais il ne faut pas s’arrêter à ça. Ce qui est important, c’est de voir l’effort défensif et comment on a avancé sur eux par rapport au match de vendredi dernier, même contre des joueurs d’exception qui sont revenus grâce à leur qualité, comme Shai Gilgeous-Alexander. Ce dernier est incroyable, mais notre défense a aussi été incroyable. Ce n’était pas du 1 contre 1 mais du 2 contre 1, et malgré ça ils ne trouvaient pas de décalage. On les obligeait à lâcher les ballons sur les extérieurs, où on arrivait presque en même temps qu’eux. Il y a eu une abnégation et un niveau d’engagement que j’espère nous voir reproduire. La récupération va être un enjeu vraiment important, c’est pour ça que c’est bien de ne pas avoir joué trop tard ce soir à six heures. En particulier pour Nicolas Batum, dont j’ai eu beaucoup besoin pour ses missions défensives notamment pour gêner au maximum Shai Gilgeous-Alexander.