Il s’agit de la pire attaque de ce type dans le pays depuis des années. Au moins 41 personnes, majoritairement des étudiants, ont été tuées dans un raid mené par des djihadistes contre un lycée dans l’ouest de l’Ouganda.
Selon des responsables de l’armée et de la police, les assaillants sont membres des Forces démocratiques alliées (ADF), une milice islamiste qui a prêté allégeance au groupe État islamique.
Après l’attaque sanglante contre ce lycée situé dans le district de Kasese, près de la frontière avec la République démocratique du Congo, ils ont fui vers le parc national des Virungaen territoire congolais, emmenant six personnes kidnappées.
39 élèves parmi les personnes tuées
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné « avec force » l’attaque et appelé à « la libération immédiate » des personnes enlevées. La France a pour sa part condamné « avec la plus grande fermeté l’attaque abominable » contre ce lycée et le bureau des Affaires africaines du Département d’État américain s’est dit « consterné ».
Trente-neuf élèves ont été tués dans le lycée Lhubiriha, a indiqué Sylvester Mapozi, le maire de la localité de Mpondwe-Lhubiriha, où s’est produite l’attaque. Ils ont aussi « tué deux personnes, un homme et une femme, ce qui porte le bilan à 41 » morts, a-t-il ajouté. Selon le maire, de nombreuses victimes ont été brûlées au point d’être méconnaissables tandis que d’autres étudiants étaient toujours portés disparus.
Mumbere Edgar Dido, 16 ans, a raconté que les assaillants avaient surgi dans son dortoir munis de machettes et d’armes à feu et avaient tiré de l’extérieur, précipitant les élèves sous leur lit. « Ils ont continué à tirer depuis les fenêtres, puis ont mis le feu à notre chambre pendant qu’on était à l’intérieur, avant d’aller dans le dortoir des filles », a-t-il dit.
Les assaillants avaient des informations détaillées sur l’école
Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière en Ouganda depuis le double attentat à Kampala en 2010 qui avait fait 76 morts lors d’un raid revendiqué par le groupe islamiste shebab basé en Somalie.
Selon un rapport de police, des unités policières et militaires ont été alertées d’une « grosse attaque » au lycée Lhubiriha de Mpondwe vers 23 heures, (22 heures à Paris) vendredi soir. À leur arrivée, elles ont trouvé « l’école en train de brûler et des cadavres d’étudiants gisant dans l’enceinte », selon le rapport.
Le lycée se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière avec la RD Congo, où les ADF sont accusées d’avoir tué des milliers de civils depuis les années 1990. Le général de division Dick Olum a déclaré que les services de renseignements avaient signalé une présence des ADF dans la région au moins deux jours avant l’attaque, soulignant la nécessité d’ouvrir une enquête. Selon cet officier, les assaillants, qui étaient probablement au nombre de cinq, avaient des informations détaillées sur l’école.
Allégeance en 2019
À l’origine rebelles ougandais majoritairement musulmans, les ADF ont fait souche depuis le milieu des années 1990 dans l’est de la RDC, où ils sont accusés d’avoir massacré des milliers de civils. Ils ont fait allégeance en 2019 au groupe État islamique, qui les présente comme sa branche en Afrique centrale, et sont aussi accusés d’attentats à la bombe sur le sol ougandais. L’EI a à son tour revendiqué certaines des violences des ADF. Mais les chercheurs des Nations Unies n’ont trouvé aucune preuve du commandement et du contrôle de l’EI sur les opérations de la milice ougandaise.
En juin 1998, ils avaient déjà attaqué un lieu d’enseignement. 80 étudiants avaient été brûlés vifs dans leurs dortoirs lors d’une attaque contre l’Institut technique de Kichwamba. Plus de 100 étudiants avaient été enlevés.
L’Ouganda et la RDC ont lancé une offensive conjointe en 2021 pour chasser les ADF de leurs bastions congolais, mais ces opérations n’ont jusqu’à présent pas permis de mettre fin aux attaques du groupe. Les États-Unis ont annoncé début mars offrir une récompense pouvant aller jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information susceptible de mener à leur chef, un Ougandais d’une quarantaine d’années nommé Musa Baluku.