La voiture de son oncle a été prise pour cible. Un garçon de 10 ans a été tué dans la nuit de lundi à ce mardi dans le quartier Pissevin à Nîmes (Gard). Selon France Bleu et franceinfoun habitant du quartier rentrait chez lui en voiture vers 23h30 avec ses deux petits-neveux lorsque sa voiture a été prise pour cible par au moins quatre tireurs alors qu’il tentait de se garer.
Alors que son neveu de 10 ans qui se trouvait à l’arrière du véhicule était grièvement blessé et que lui était touché par balles dans le dos, l’oncle a redémarré et a immédiatement pris la route du CHU de Nîmes. Le petit garçon y a été déclaré décédé tandis que son proche y était pris en charge avec un pronostic vital engagé. Le deuxième neveu est lui indemne.
« Un immense drame »
Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, un homme armé d’un fusil fait feu à de multiples reprises avant de prendre la fuite à bord d’une voiture. Une dizaine de douilles a été découverte sur place par les enquêteurs de la police.
« Suite à des échanges de tirs intervenus au sein du quartier Pissevin, à l’ouest de Nîmes, un enfant de 10 ans est décédé cette nuit. Un homme a en outre été victime des tirs de balles. Les jours de ce dernier ne seraient plus en danger », a précisé la procureure de la République de Nîmes Cécile Gensac dans un communiqué mardi matin, annonçant une communication ultérieure dans la journée
Cette fusillade « semble être un règlement de comptes entre trafiquants », écrit Gérald Darmanin sur Twitter qualifiant la fusillade d’un « immense drame qui ne restera pas impuni ». Selon le ministre de l’Intérieur, « la police a déjà interpellé de nombreux trafiquants ces dernières semaines et va intensifier sa présence avec fermeté ».
Samedi soir, vers 19h30 à Nîmes, la police a été appelée après des tirs à Nîmes. Au moins quatre hommes, à bord de deux scooters et d’une berline ont tiré des coups de feu à l’aide d’armes de poing et de fusils d’assaut. Aucun blessé n’était à déplorer, les individus semble avoir tiré en l’air. Deux jeunes hommes, âgés de 18 et 20 ans, et connus de la justice, ont été interpellés et placés en garde à vue.
Le quartier de Pissevin est le même où un homme de 39 ans avait été abattu en janvierdéjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants.
Selon des chiffres de l’ancien procureur de Nîmes, Éric Maurel, une quinzaine de règlements de compte avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, la plupart dans les quartiers de Pissevin, du Chemin Bas et du Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d’immeubles et de tours.
Nîmes, « une centrale d’achat de la drogue »
Pissevin, tout comme les quartiers du Chemin Bas et du Mas de Mingue, avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l’exode rural, des rapatriés d’Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés. Tous trois partagent des indicateurs socio-économiques alarmants avec un taux de pauvreté atteignant jusqu’à 70 % et un chômage massif.
« Ces assassinats sont en lien direct avec le narcobanditisme et sont des règlements de compte dans le cadre soit de guerres de territoire, soit de conflits commerciaux », avait précisé Éric Maurel, évoquant « des « actions impulsives » et d’autres « très organisées ».
« On est en présence d’individus parfois très jeunes qui ont accès à des armes de guerre », notamment des fusils d’assaut de type Kalachnikov AK-47 ou M-16 », soulignait le magistrat, en estimant que Nîmes était devenue quasiment « une centrale d’achat de la drogue » : chaque semaine, environ 700 kg de résine de cannabis venant majoritairement du Maghreb et des dizaines de kilos de cocaïne venus d’Amérique du Sud via l’Espagne y transitent pour être revendus notamment le long du couloir rhodanien, expliquait-il.