Sa grande carcasse péniblement assise sur le banc, Victor Wembanyama regarde incrédule son équipe reprendre la deuxième mi-temps sans lui. Totalement muet durant le premier acte, 0 point et quelques ratés offensifs, le Français n’avait jamais été placé sur le banc par son entraîneur Gregg Popovich, en dehors des blessures ou des rotations habituelles. Volonté de piquer son ego ou désir du staff de modifier les habitudes ? « Les titulaires (NDLR : Tre Jones et Devin Vassell avaient aussi été remplacés) avaient besoin d’une sorte de message ou d’être bousculés, a justifié après-coup Popovich sans aucune méchanceté. Quand ils sont revenus sur le parquet, les titulaires se sont battus de la manière dont ils sont payés pour le faire. »
La méthode a fonctionné : les Spurs de San Antoniomenés de 35 points à l’entracte, sont petit à petit revenus et Victor Wembanyama a ensuite largement apporté sa pierre à l’édifice. « A la mi-temps, je parle qu’il a parlé de gêne, de honte, raconte Wemby à propos de la réaction de son coach. Il était assez énervé. C’est pour ça qu’il a démarré la seconde période avec une équipe différente. Il voulait débuter avec des joueurs qui allaient donner 100% sur le parquet, et pour nous montrer aussi comment ça se passe, comment on aurait dû se comporter. Les remplaçants, entre guillemets, nous ont montré comment faire en seconde mi-temps. J’aime être challengé, menacé, et même envoyé en G-League (le championnat espoir) si je ne suis pas bon. J’aime que mes erreurs entraînent des conséquences. »
En une mi-temps, la deuxième donc, le numéro 1 de la dernière draft a inscrit 26 points, finissant meilleur marqueur de son équipe. Le Français a aussi cumulé 13 rebonds et 5 contres, dont certains très spectaculaires, notamment face à Tre Young, contrant d’une main un tir qu’il avait tenté d’intercepter de l’autre, au milieu du dernier quart-temps. Toujours très dissuasif lorsqu’il défend son panier, « Wemby » a aussi brillé offensivement.
Même Spike Lee apprécie
Au début du quatrième quart-temps, il commence par réussir un trois points, puis il prend les choses en mains en dribblant dans la défense avant de claquer un dunk. Le réalisateur Spike Lee, présent au bord du terrain, se lève et applaudit. En fin de match, son équipe le cherche, et le trouve, près du panier. Il convertit deux alley-oops, alors que les Spurs reviennent à 6 petits points des Hawks. À deux reprises, les Texans possèdent une balle pour revenir à 3 ou 4 points ! On croit au miracle, mais les hommes de Popovich sont finalement rattrapés par leurs manques et l’écart concédé en première mi-temps s’avère trop difficile à combler.
« Victor a progressé dans son agressivité, analyser Gregg Popovich. Il va davantage au panier et il est moins obnubilé par sa réussite à 3 points. Et bien sûr l’équipe apprend comment le servir, ce n’est pas quelque chose à laquelle nous étions habitué. Défensivement, il est en train de devenir un très bon protecteur de notre cercle, et il est en train de comprendre comment en faire une priorité. Et tout le monde autour apprend comment s’adapter à lui. »
Cela prend du temps et certains s’en étonnent encore. Le meneur adverse, Trae Young, n’a pas caché son étonnement à l’issue de la rencontre : « Parfois, je suis désolé pour lui, parce qu’il est en bonne position et il n’est pas servia-t-il déclaré. Ils y sont bien mieux arrivés en deuxième mi-temps en lui lançant ces ballons en hauteur près du panier. »
San Antonio enregistre sa 32e défaite de la saison en 39 matches. Bons derniers dans la Conférence ouest, ils débutent un road trip de plusieurs jours sur la côte est qui va les amener successivement à Boston, Charlotte, Washington et Philadelphie. Un périple au cours duquel Victor Wembanyama pourrait enfin voir ses limitations de minute être complètement levées par le staff des Spurs. L’occasion de savourer, notamment, les retrouvailles de « Wemby » face à son ami Bilal Coulibaly (Washington) et son partenaire en équipe de France Nicolas Batum (Philadelphie).
