Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a saisi le procureur de la République après que l’hebdomadaire Oise Hebdo a publié le nom complet du policier qui a tué Nahel, à Nanterrea-t-il indiqué jeudi sur Twitter. « La publication Oise Hebdo publie des informations personnelles mettant en danger la vie de la famille du policier en détention. Malgré nos demandes de retrait de ce contenu irresponsable, celle-ci persiste. Je saisis le procureur de la République », écrit Gérald Darmanin sur Twitter.
L’hebdomadaire local Oise Hebdo a publié, ce jeudi midi sur son site Internet, un portrait du policier qui a tué le jeune Nahel, à Nanterre, en révélant son nom, ainsi que la commune dans laquelle il réside. Non signé, cet article retrace le parcours du brigadier de 38 ans, un ancien de la Brav-M et de la CSI 93, comme l’avait révélé Libération mercredi.
Réactions indignées
« Le nom et l’adresse précise étaient depuis six jours sur Internet », s’est défendu auprès du Parisien le directeur du journal, Vincent Gérard, précisant que l’article ne donnait pas l’adresse précise du policier, mais « juste le nom d’une ville ». Placé en détention provisoirele policier est « actuellement à l’abri », a-t-il aussi estimé. « Vu l’ampleur de l’affaire, son nom complet serait apparu tôt ou tard », a ajouté Vincent Gérard, qui conclut : « mon métier est de raconter ce qui se passe dans l’Oise. C’est le cas ».
Relayée sur Twitter, où elle avait été vue près de 200 000 fois à 18h30, la publication a suscité de nombreuses réactions indignées. Dénonçant une « grave atteinte » au respect de la vie privée, Denis Jacob, le secrétaire général du syndicat Alternative police, affilié à la CFDT, a estimé que l’hebdomadaire mettait ainsi « en danger une femme et des enfants en distillant ainsi leur lieu de résidence ». « Si un drame devait arriver à cause d’une telle révélation vous en seriez coauteur et en porteriez la lourde responsabilité pénale », a-t-il ajouté.
« Vous ne voulez pas donner son adresse complète et les armes pour attaquer sa famille aussi ? », a aussi ironisé le porte-parole de Reconquête, Samuel Lafont.
Connu pour ses « Unes » à scandale sur des faits divers locaux, la ligne éditoriale d’Oise Hebdo lui a souvent valu des ennuis avec la justice. Dans un article publié en 2017, France 3 avait ainsi recensé « une trentaine de procès en 23 ans ».