Un vote très attenduet scruté dans les moindres détails. Après des semaines de discussions – et de polémiques, la loi Immigration a été adoptée ce mardi soir par l’Assemblée, avec 349 voix pour, 186 contre et 38 abstentions. Sans avoir numériquement besoin des voix des 88 députés RN pour faire voter ce texte tant décrié, s’est félicité dans la foulée Gérald Darmanin.
Objet de toutes les attentions : le comportement des députés de la majorité, qui s’avançaient divisés face à un texte trop à droite pour certains, notamment ceux de l’aile gauche. Au sein du groupe Renaissance, ils sont au final 131 à avoir voté pour, 20 à s’être exprimés contre et 17 à s’être abstenus. Chez les autres partenaires de la majorité, le groupe Démocrate (MoDem et Indépendants) est apparu divisé, avec 30 voix pour, 5 contre et 15 abstentions. Chez Horizons, 28 députés ont voté pour le texte et deux se sont prononcés contre.
À droite, les 88 députés du Rassemblement national ont tous voté pour, à l’instar des 62 députés Les Républicains. Du côté de l’opposition de gauche, les 75 membres du groupe LFI ont voté contre, tout comme les 31 membres du groupe socialistes et apparentés ou les 23 membres du groupe écologistes. Voici le détail des votes des députés, selon les données de l’Assemblée. Comment a voté le vôtre ? La réponse avec notre moteur de recherche (vous pouvez trouver votre circonscription ici).
Un peu plus tôt dans la soirée, le Sénat, dominée par la droite et le centre, avait lui aussi adopté le projet de loi, par 214 contre 114. Mais c’est en milieu d’après-midi que la foudre s’était abattue sur les macronistes : Marine Le Pen a alors indiqué que les députés RN voteraient finalement pour le texte issu de la CMP, revendiquant une « victoire idéologique » et provoquant un début de fracture au sein de la majorité.
VIDEO. Loi immigration : le RN revendique « une victoire idéologique », la gauche évoque « un grand moment de déshonneur »
La CMP, ce cénacle composé de sept députés et sept sénateurs, venait d’annoncer un accord sur un texte nettement durci et d’une claire inspiration droitière. Une victoire aux yeux des Républicains (LR) qui disaient imposer un texte « ferme et courageux », selon le patron du parti Éric Ciotti. Mais un texte dénoncé à gauche et par plusieurs membres de la majorité, certains ministres mettant même leur démission dans la balance.
Le groupe centriste Liot, qui ne fait pas partie de la majorité, mais dont le soutien était attendu par l’exécutif, avait également demandé le retrait du texte, « source de grande fracturation politique ». Au cœur de la discorde : la validation par le camp présidentiel de plusieurs mesures réclamées par la droite, notamment des quotas d’immigration pluriannuels définis au Parlement ou le rétablissement d’un délit de séjour irrégulier puni d’une amende. Le gouvernement a par ailleurs répondu aux ultimatums des Républicains, avec notamment un engagement écrit à réformer l’aide médicale d’État « en début d’année 2024 ». Autant d’éléments qui ont plongé la majorité présidentielle en pleine crise, avec des votes éparpillés sur une loi très attendue.