« Je ne peux pas l’expliquer ». À la veille de la demi-finale retour entre le Real Madrid et le Bayern Munich, Thomas Tuchel n’avait pas les mots à l’heure d’évoquer le « mythe » qui entoure le club espagnol. On imagine qu’il n’a toujours pas d’explication, au-delà de sa colère envers le corps arbitralaprès la victoire renversante, en trois minutes, du club espagnol mercredi soir (2-1). Une nouvelle fois, l’impensable a eu lieu au Santiago-Bernabeu de Madrid.
Longtemps identifié par l’Europe comme le club des « remontadas », une légende née dans les années 1980 grâce à un collectif mené par Emilio Butragueño, le Real Madrid alimente depuis dix ans cette facette d’invincible. Du but égalisateur de Sergio Ramos dans le temps additionnel de la finale 2014 au doublé de Joselu mercredi soir, retour sur six moments de folie « made in » Real.
2014 : la « Décima » arrachée après 92 minutes et 48 secondes
En 2014, le Real Madrid d’un certain Carlo Ancelotti (avec Zinedine Zidane en adjoint) cherche sa « Décima », la 10e Ligue des champions de son histoire, douze ans après son ultime succès. Opposée à son rival Atlético de Madrid, la Maison Blanche est menée 1-0. Jusqu’au « miracle de Lisbonne », lieu de la finale. Sur un corner lancé par Luka Modric, Sergio Ramos surgit après 92 minutes et 48 secondes pour égaliser de la tête et envoyer tout ce beau monde en prolongation. Un but qui a détruit le moral des Colchoneros, balayés 4-1 au final. Et le début pour le Real Madrid d’une décennie de domination européenne.
2016 : Cristiano Ronaldo s’offre son « comeback »
Deux ans plus tard, le Real Madrid, entraîné par Zinedine Zidane nommé en janvier 2016, se présente en quarts de finale de la Ligue des champions face au Wolfsbourg de Julian Draxler. Les Allemands réalisent l’exploit au match aller en s’imposant 2-0 à domicile. Avant que la magie du Santiago-Bernabeu n’opère. Menés par un Cristiano Ronaldo de gala, auteur d’un triplé, les Madrilènes s’offrent une « remontada » digne de ses plus grandes heures (3-0) et se hissent jusqu’en finale pour une revanche face à l’Atlético de Madrid. Cette fois, les coéquipiers d’Antoine Griezmann échouent aux tirs au but (1-1 a.p., 5-3).
2017 : Le Bayern de… Carlo Ancelotti et l’arbitrage polémique
En 2017, « Zizou » et le Real affrontent encore un club allemand en quarts de finale : le Bayern Munich coaché par Carlo Ancelotti. L’aller est en faveur des Espagnols, qui s’imposent avec autorité en Bavière (2-1). Le retour s’annonce alors comme une formalité mais les coéquipiers de Robert Lewandowski rendent la pareille aux Madrilènes avec un succès 2-1 en Espagne. Avant l’arrivée de toutes les polémiques.
Une exclusion ultra-sévère d’Arturo Vidal (84e) et un triplé de Cristiano Ronaldo, dont un but en position de hors-jeu, viennent provoquer la colère des Munichois, éliminés 4-2 après prolongation. En demi-finale, le Real se débarrasse (encore) de l’Atlético (3-0 ; 1-2) avant d’écraser la Juventus en finale (4-1).
2018 : La Juventus et une autre intervention arbitrale
Le rendez-vous de la saison est encore un quart de finale. Face à la Juve, cette fois. Le match aller tourne à la démonstration de force de Cristiano Ronaldo, auteur d’un retourné acrobatique mythique, et du Real Madrid, vainqueurs à Turin (3-0). Mais le match retour tourne au vinaigre. Le 11 avril 2018, la Juve de Blaise Matuidi mène 3-0 au Santiago-Bernabeu et pense obtenir la prolongation. Avant un temps additionnel de folie, rendu possible grâce à la décision finale de l’arbitre anglais Michael Oliver.
Sur la dernière action, Lucas Vazquez est (légèrement) poussé dans le dos dans la surface. Pénalty accordé, transformé par Cristiano Ronaldo. La colère de Gianluigi Buffon, exclu, semble légitime. La pression du Bernabeu a encore joué son rôle. Le Real écarte le Bayern en demi-finale et balaye Liverpool en finale pour un troisième sacre de suite. Une première dans l’histoire.
2022 : Benzema et Rodrygo écœurent l’Europe
Saison 2021-2022. Carlo Ancelotti est revenu aux affaires sur le banc. Et ramène avec lui son formidable karma. À partir des 8es de finale, tout le parcours du Real Madrid cette année-là relève de l’impensable. Le premier « miracle » a lieu face au PSG. Après une victoire 1-0 au Parc des Princes, Kylian Mbappé et ses partenaires mènent 1-0 à Madrid. Mais en dix minutes, Karim Benzema claque un triplé et fait chavirer son public (3-1, score final).
Au tour suivant, les Madrilènes s’imposent avec autorité à Chelsea à l’aller (3-1) avec un nouveau festival de « KB9 ». Mais les hommes de Thomas Tuchel sont aux portes de l’exploit en menant 3-0 au match retour au Bernabeu. Sauf que Rodrygo, à la 80e, marque le but de l’espoir et arrache la prolongation. Un moment dont Benzema profite pour inscrire le but de la qualification.
C’est fini ? Eh bien non. Car le plus grand des miracles arrive en demi-finale contre Manchester City. Les Anglais de Pep Guardiola l’ont emporté 4-3 au match aller et mènent 1-0 jusqu’au début de la 90e minute au retour. Mais un improbable doublé de Rodrygo en moins de deux minutes offre la prolongation aux locaux. Un instant encore sublimé par un pénalty de Benzema. Le Real ira chercher sa 14e Ligue des champions face à Liverpool (1-0) quelques semaines plus tard au Stade de France.
2024 : Joselu, le nouveau héros
La campagne actuelle du Real Madrid est bien moins spectaculaire que celle de 2021-2022. Mais elle symbolise encore cette invincibilité qui renverse tout sur la scène européenne. En 8es de finale ? Le RB Leipzig bouscule la Maison Blanche, qui s’en sort avec pas mal de chances et un coup de pouce des arbitres (1-0 ; 1-1). En quarts de finale ? Manchester City écrase le jeu au match retour mais l’équipe de Carlo Ancelotti résiste à tout et l’emporte aux tirs au but (3-3 ; 1-1 a.p., 4-3 t.a.b.).
En demi-finales ? Voilà le Real Madrid mené et torturé par le Bayern Munich à l’aller avant de recoller à 2-2 en fin de match. Au retour, les Bavarois menaient donc 1-0 jusqu’à la 89e minute avant que Joselu, sorti de nulle partne claque un doublé en deux minutes. Après 15 minutes de temps additionnel et une nouvelle polémique arbitrale, le club espagnol arrache son ticket pour une 18e finale (14 succès, 3 défaites jusqu’ici). Rendez-vous le 1er juin à Wembley face au Borussia Dortmund.