Ils avaient annoncé leur participation à la première édition des Résistantesdes rencontres de la sphère écologiste qui se tenaient jusqu’à ce dimanche 6 août sur le plateau du Larzac. Aux côtés de ceux de la Confédération paysanne, de Terres de luttes et des Faucheurs volontaires d’OGM, quelques militants des Soulèvements de la Terre (SLT) étaient bien au rendez-vous, malgré la dissolution du groupe, entérinée par un décret présidentiel du 21 juin dernier.
Le collectif, né au tout début de l’année 2021 dans l’ex-ZAD de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes (Loire-Atlantique), mais qui s’est fait connaître lors des violentes manifestations autour du chantier de mégabassine à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), se bat désormais essentiellement sur un terrain judiciaire. Ses avocats ont déposé la semaine dernière un référé auprès du Conseil d’État dans l’espoir de faire annuler ou suspendre l’exécution du décret de dissolution.
Une mesure « ni nécessaire, ni adaptée, ni proportionnée »
Parmi les arguments de Mes Raphaël Kempf et Aïnoha Pascual, celui selon lequel SLT n’est pas un « groupement de fait dirigé par trois individus » comme présenté par les pouvoirs publics mais un « courant de pensée fondé sur un vaste mouvement ». Les représentants légaux de SLT évoquent même un « fantasme policier » s’appuyant sur des « qualifications juridiques » de faits « maladroitement bricolées pour coller aux élucubrations politiques sur la violence des éco-terroristes ».
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Le Conseil d’État a programmé, en urgence comme le veut la procédure du référé, une audience le mardi 8 août, à 15 heures, au cours de laquelle les deux parties présenteront leurs plaidoyers respectifs. Le juge des référés de la plus haute juridiction administrative devra ainsi trancher sur la qualification de « provocation à des violences », mise en avant par le décret de dissolution, mais dénoncée comme abusive par SLT, qui affirme ne jamais appeler, lors d’opération motivée par une désobéissance civile, à mettre la vie d’autrui en danger.
Pour SLT, la dissolution n’est « ni nécessaire, ni adaptée, ni proportionnée » et « constitue un dangereux précédent qui porte massivement atteinte aux libertés d’association et d’expression ». Le mouvement tente d’influencer la future décision du juge en appelant ses membres et sympathisants à se porter corequérants dans la procédure. Selon SLT, qui communique via une boucle de la messagerie Telegram, « plus de 300 requêtes par jour, pendant plusieurs jours » ont été transmises à l’institution.
Des militants condamnés après Sainte-Soline
Le mouvement écologiste radical est aussi et surtout accaparé, sur le plan judiciaire, par les poursuites et condamnations de certains de ses membres.
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Quatre militants identifiés des SLT ont été condamnés le 27 juillet dernier devant le Tribunal de grande instance de Niort pour leur participation à l’une ou l’autre des deux manifestations, interdites, à Sainte-Soline. Trois se sont vu infliger des peines de prison avec sursis mais le quatrième, Loïc, a lui écopé d’un an ferme à effectuer à domicile et sous bracelet électronique.