Le contestataire Bassirou Diomaye Faye a largement remporté l’élection présidentielle sénégalaise avec 54,28 pour cent des voix au premier tour, selon les résultats provisoires officiels publiés mercredi.
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Il devance largement le candidat de la coalition gouvernementale, l’ancien Premier ministre Amadou Ba, qui a obtenu 35,79 pour cent.
La victoire de Faye, libérée de prison dix jours seulement avant le scrutin, doit encore être validée par Sénégal’organe constitutionnel suprême, ce qui pourrait avoir lieu dans quelques jours.
Faye, 44 ans, qui a déclaré vouloir une « rupture » avec le système politique actuel, est en passe de devenir le plus jeune président de l’histoire.
Ce serait la première fois depuis l’indépendance de la France en 1960 qu’un adversaire l’emportait dès le premier tour.
Aliou Mamadou Dia, arrivé troisième sur 19 candidats officiellement inscrits sur la liste, n’a obtenu que 2,8 pour cent des suffrages, selon les chiffres lus au tribunal de Dakar par le président de la commission nationale de décompte des voix, Amady Diouf.
Alors que sa victoire lors du vote de dimanche était déjà claire après la publication de résultats partiels non officiels, la marge de victoire de Faye a été confirmée par la commission de dépouillement des votes, qui relève du pouvoir judiciaire.
Le taux de participation, de 61,30 pour cent, était inférieur à celui de 2019, lorsque le président sortant Macky Sall avait remporté un second mandat au premier tour, mais supérieur à celui de 2012.
L’annonce des résultats provisoires officiels semble ouvrir la voie à une passation du pouvoir entre Sall et son successeur.
La crise politique déclenchée par le report du vote à la dernière minute par Sall et la précipitation du calendrier électoral qui en a résulté ont semé le doute sur la possibilité que la passation de pouvoir ait lieu avant la fin officielle du mandat du président sortant, le 2 avril.
Mais un transfert rapide semble désormais réalisable dans le Afrique de l’Ouest nation, qui est fière de sa stabilité et de ses principes démocratiques dans une région frappée par un coup d’État, à condition qu’aucun appel ne soit lancé.
Les candidats à la présidentielle disposent d’un délai de 72 heures après l’annonce des résultats par la commission pour introduire un recours auprès du Conseil constitutionnel.
La Constitution stipule que si aucun recours n’est interjeté dans ce délai, “le Conseil proclamera immédiatement les résultats définitifs du scrutin”.
Mais en cas d’objection, le Conseil dispose de cinq jours pour statuer et pourrait, en théorie, annuler l’élection.
« Humilité, transparence »
Faye, qui n’a jamais exercé de fonction élective auparavant, est sur le point de devenir le cinquième président de ce pays d’Afrique de l’Ouest d’environ 18 millions d’habitants.
Ses collègues candidats à la présidentielle, ainsi que Sall, ont reconnu sa victoire.
L’élection de dimanche a été précédée de trois années de tensions et de troubles meurtriers, le Sénégal étant plongé dans une nouvelle crise politique en février lorsque Sall a décidé de retarder l’élection présidentielle.
Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021, les références démocratiques du pays étant sous surveillance.
Faye lui-même a été détenu pendant des mois avant d’être libéré en pleine campagne électorale.
Les observateurs internationaux ont salué le bon déroulement du vote de dimanche.
Le Union africaineLa mission d’observation du Sénégal a salué “la maturité politique et démocratique du peuple sénégalais (et) le climat politique globalement apaisé de l’élection présidentielle”.
Faye a promis de restaurer la « souveraineté » nationale et de mettre en œuvre un programme de « panafricanisme de gauche ».
Son élection pourrait annoncer une profonde refonte des institutions sénégalaises.
Lundi, il s’est engagé “à gouverner avec humilité, avec transparence et à lutter contre la corruption à tous les niveaux”.
Il a déclaré qu’il accorderait la priorité à la “réconciliation nationale”, à la “reconstruction des institutions” et à la “réduction significative du coût de la vie”.
Mais il a aussi cherché à rassurer les partenaires étrangers.
Le Sénégal “restera un pays ami et un allié sûr et fiable pour tout partenaire qui s’engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive”, a-t-il promis.
(AFP)