Le premier tour des élections législatives anticipées est dans deux semaines, le dimanche 30 juin. Un scrutin qui a surpris tout le monde, annoncé il y a huit jours par Emmanuel Macron après le raz de marée bleu Marine des élections européennes. En Eure-et-Loir, sur les 365 communes que compte le département, il n’y en a que quatre où le Rassemblement national n’est pas arrivé en tête.
1re circonscription : un ministre en lice
Pour la circonscription de Chartres, ils sont six candidats. La majorité présidentielle a logiquement choisi d’être représentée par Guillaume Kasbarian (Renaissance). Le député sortant est aussi ministre du Logement depuis le remaniement du début d’année, et aurait beaucoup à perdre politiquement, au lendemain du 7 juillet, s’il n’arrive pas en tête du scrutin.
Pour appuyer sa candidature, c’est Isabelle Mesnard (Horizons) qui a été choisie et qui remplace Véronique de Montchalin. Conseillère municipale à Chartres et présidente du C’Chartres Tourisme, sa remplaçante est une proche du maire de Chartres. On peut lire dans cette décision un signe de soutien en faveur de la majorité présidentielle de la part de l’édile chartrain Jean-Pierre Gorges.
Face à lui, le Rassemblement national place une inconnue dans le paysage politique local. Emma Minot, étudiante en kinésithérapie de 23 ans, qui a déjà acquis une certaine expérience au sein du parti avec une fonction d’adjointe au RN de la Jeunesse. Dans cette première circonscription, Les Républicains ont fait le choix de reconduire leur candidat de 2022 aux législatives, le conseiller municipal à Chartres, Ladislas Vergne. À gauche, l’investiture du Nouveau Front Populaire est incarnée par l’écologiste Jean-François Bridet (EELV). Une figure locale, à la fois conseiller régional du Centre-Val de Loire – proche du président de région – et conseiller à la ville et la métropole de Chartres dans l’opposition.
2e circonscription : un parachutage pour le RN
Dans le nord du département, pour la deuxième circonscription, il y a sept candidats. Le parti des Républicains, sans surprise, renouvelle sa confiance au député sortant Olivier Marleix. Il est l’un des premiers à s’être étouffé des annonces du président de son parti, Éric Ciotti, qui annonçait se rallier aux côtés de Jordan Bardella et Marine Le Pen. Olivier Marleix, chef de file des LR à l’Assemblée nationale part donc en campagne pour être réélu, avec Christelle Minard en tant que suppléante. Cette dernière est bien implantée dans le territoire, élue maire de Tremblay-les-Villages depuis dix ans.
La majorité présidentielle, elle, a tardé à se décider pour présenter un candidat. Finalement, c’est Florent Mazy, encarté Horizons qui se lance en campagne. Il va être épaulé de Pauline Lardy, cheffe de cabinet adjointe du ministre des Armées Sébastien Lecornu. Face à eux, Olivier Dubois (RN). Il n’est pas un visage connu dans le nord du département. Pourtant c’est bien ce directeur d’une société immobilière parisienne qui est parachuté. Pour le seconder, c’est un suppléant local, le délégué départemental du Rassemblement national, Silvio Bortolussi. Pour cette 2e circonscription, ce n’est finalement pas une investiture LFI qui a été décidée à l’échelle nationale, bien que les villes de Dreux et Vernouillet aient voté en faveur de Manon Aubry lors des élections européennes du 9 juin. Le Nouveau Front Populaire a pour tête d’affiche Nadia Faveris, candidate aux législatives de 2017. Et puis, dans la seule circonscription où le Parti des travailleurs se présente en Eure-et-Loir, l’investiture de la militante de gauche Béatrice Jaffrenou est officialisée.
3e circonscription : un front républicain
Pour les 3e et 4e circonscriptions d’Eure-et-Loir, il y a moins de candidats, avec cinq dans chaque circonscription. Pour la 3e, celle de Nogent-le-Rotrou/Lucé, c’est un « front républicain » qui va être mené face au RN. L’investiture finale s’est faite au détriment de la candidature de Anna Stépanoff. Pourtant annoncée la semaine dernière pour succéder à Luc Lamirault, député sortant qui ne se représente pas, elle a du se retirer. C’est un élu bien connu qui est investi à la place, l’actuel maire de Nogent-le-Rotrou, Harold Huwart (Parti radical DVC). Son dossier a été déposé en préfecture à une heure de l’heure butoir, ce dimanche. Il est soutenu conjointement par la majorité présidentielle, ainsi que par la coalition du Nouveau Front Populaire. « On fait un front républicain pour empêcher le RN de passer » explique le premier secrétaire du PS en Eure-et-Loir, Stéphane Cordier.
Il faut dire que cette 3e circonscription est celle qui a le plus de chances de basculer à l’extrême droite. Le parti a fait le choix d’une candidature de choc avec un poids lourd du Rassemblement national. Christophe Bay, l’ancien directeur de campagne de Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2017, est investi. Et c’est celle qui a obtenu 46 % des votes au second tour des législatives de 2022 pour le RN dans cette même circonscription, Régine Flaunet, qui est sa suppléante. Le maire de Lèves, Rémi Martial est finalement candidat Les Républicains. Là encore une investiture qui n’était pas assurée d’avance.
4e circonscription : Philippe Vigier de nouveau candidat
Pour la quatrième circonscription d’Eure-et-Loir, la plus vaste géographiquement, cinq dossiers ont été déposés. Le député sortant de la circonscription de Châteaudun, Philippe Vigier (MoDem), est reconduit à ce poste depuis 2007. Lui aussi a beaucoup à perdre, ministre délégué aux Outre-Mer il y a encore six mois, l’élu encarté MoDem pourrait retourner à la vie civile dans trois semaines. Rien n’est encore dit, il a le soutien de la majorité présidentielle et des Républicains, qui ne mettent pas de candidats en leurs noms.
Parmi les concurrents, le plus marquant est Roger Pécout, dissident LR et porté par le Rassemblement national. Officiellement, c’est avec l’étiquette politique « À droite les amis d’Éric Ciotti » qu’il est investi. Pour lui faire front, l’union des gauches a choisi une socialiste. La conseillère régionale Sylviane Boëns, aussi adjointe à la mairie d’Auneau-Bleury-Saint-Symphorien.
Avec les dépôts de dossiers clos, la campagne est officiellement lancée pour ces législatives anticipées. Deux autres partis politiques vont tenter d’obtenir les suffrages suffisants pour aller au-delà du premier tour du 30 juin. Lutte Ouvrière repart avec les mêmes investitures qu’en 2022 dans les quatre circonscriptions. De son côté, le parti d’Éric Zemmour (Reconquête !) a défini quatre candidats, dont deux déjà présents sur les listes électorales il y a deux ans, dans les 3e et 4e circonscriptions.