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Le pape François a exhorté samedi les dirigeants du Soudan du Sud à restaurer la “dignité” des millions de leurs compatriotes touchés par le conflit, renouvelant un appel énergique à la paix dans ce pays déchiré par les conflits.
Au deuxième jour de sa visite à Soudan du sudune nation qui a été en guerre pendant environ la moitié de son existence, Francis entendu des enfants qui ont passé une grande partie de leur vie à fuir la violence.
Le pontife de 86 ans a poussé les dirigeants du Soudan du Sud à apaiser les divisions pour le bien d’une nation traumatisée par l’héritage d’une guerre civile de cinq ans qui a fait 380 000 morts.
Un cessez-le-feu a été conclu, mais la paix a échappé à la plus jeune nation du monde, et Francis, qui a tenté de négocier la paix entre les parties rivales, trouve le Soudan du Sud en proie à la violence et au désespoir.
Samedi, François a déclaré à un rassemblement de centaines de personnes déplacées par le conflit qu’elles méritaient un avenir meilleur.
“Malheureusement, dans ce pays déchiré par la guerre, être une personne déplacée ou un réfugié est devenu une expérience courante et collective”, a-t-il déclaré à la foule à Juba.
“Je veux renouveler mon appel énergique et sincère à mettre fin à tous les conflits et à reprendre le processus de paix de manière sérieuse, afin que la violence puisse cesser et que les gens puissent recommencer à vivre dans la dignité.”
Il y a 2,2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) vivant au Soudan du Sud, et deux autres millions à l’extérieur du pays.
C’est la pire crise de réfugiés en Afrique.
Les personnes déplacées au Soudan du Sud vivent dans des camps surpeuplés, sordides et sous-financés sous la protection des Nations Unies, trop effrayées pour s’aventurer, ou sans nulle part où retourner.
“Pas de place pour le retard”
Francis a déclaré qu’il n’y avait “pas de place pour plus de retard” dans la réalisation de la paix pour tous au Soudan du Sud, des enfants naissant chaque jour dans ces camps.
“Ils n’ont aucun souvenir de ce que signifie avoir une maison ; ils perdent leur lien avec leur terre natale, leurs racines et leurs traditions”, a-t-il dit, ajoutant qu’ils étaient “la graine d’un nouveau Soudan du Sud”.
“L’avenir ne peut pas résider dans les camps de réfugiés”, a-t-il déclaré sous les applaudissements.
John Wiyual, qui vit dans un vaste camp de personnes déplacées à l’extérieur de Juba depuis 2014, a déclaré qu’il ne faisait pas confiance aux assurances du gouvernement selon lesquelles le pays était sûr.
“Ils disent qu’il y a la paix, mais il y a des tueries dans tous les Etats”, a déclaré à l’AFP l’homme de 42 ans.
“Le pape peut nous écouter. Nous sommes des citoyens et nous avons besoin de paix.”
Lors de son premier événement samedi, le pape en fauteuil roulant a rencontré les chefs religieux du Soudan du Sud, qui travaillent avec les pauvres et les marginalisés et sont profondément respectés dans ce pays pieux où 60% de ses 12 millions d’habitants sont chrétiens.
Plusieurs milliers de personnes se sont présentées tôt pour attendre le pape dans la cour de la cathédrale Sainte-Thérèse, beaucoup agitant des drapeaux et hurlant en lui réservant un accueil jubilatoire.
“Je suis tellement heureuse”, a déclaré Adongpiny Harriet, 36 ans, en essuyant la sueur après avoir participé à une danse impromptue devant la cathédrale après la bénédiction du pape.
“C’est la première fois que je vois papa dans mon pays. Je me sens tellement privilégiée.”
‘Un nouveau départ’
Samedi soir, François tiendra une prière conjointe avec l’archevêque de Cantorbéry et le modérateur de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse, qui l’ont rejoint dans le pays.
Vendredi, François a prononcé un discours pointu aux dirigeants politiques du Soudan du Sud, avertissant qu’ils doivent prendre “un nouveau départ” vers la réconciliation et mettre fin à la cupidité et aux luttes de pouvoir qui déchirent la nation.
“Les générations futures vénéreront vos noms ou annuleront leur mémoire, en fonction de ce que vous faites maintenant”, a-t-il déclaré à un auditoire comprenant le président Salva Kiir et son rival et adjoint Riek Machar, ainsi que des diplomates, des chefs religieux et des rois traditionnels.
“Plus d’effusion de sang, plus de conflits, plus de violence.”
Impunité généralisée
Le pape a promis en 2019 de se rendre au Soudan du Sud, lorsqu’il a accueilli Kiir et Machar lors d’une retraite au Vatican et leur a demandé de respecter un cessez-le-feu durement combattu pour leur peuple.
Dans des scènes qui se sont répercutées au Soudan du Sud, François s’est agenouillé et a embrassé les pieds de deux ennemis dont les armées personnelles avaient été accusées d’horribles crimes de guerre.
Mais quatre ans plus tard, le pays reste embourbé dans un conflit insoluble.
Des groupes de défense des droits de l’homme ont exhorté François à faire pression sur les dirigeants du Soudan du Sud pour qu’ils s’attaquent à l’impunité généralisée des abus commis pendant la guerre et rendent justice aux victimes.
L’escale du pape au Soudan du Sud fait suite à une visite au République Démocratique du Congoun autre pays riche en ressources en proie à des conflits persistants et souvent négligé par le monde.
La visite – la cinquième de François en Afrique – était initialement prévue pour 2022 mais a dû être reportée en raison de problèmes au genou du pape.
(AFP)