Un adolescent de 17 ans filmé lors de son interpellation musclée le 6 février au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) sera entendu lundi par l’inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d’une procédure ouverte par le parquet de Bobigny pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique », a indiqué ce jeudi un magistrat à l’AFP.
Une vidéo tournée par un riverain montre en effet les forces de l’ordre procéder à une arrestation très violente. Ce 6 février vers 18 heures, un habitant filme la séquence à travers la vitrine d’une boulangerie du quartier des Tilleuls. Cinq policiers, dont trois casqués, empoignent un jeune homme qui n’oppose aucune résistance. Ils le saisissent par le col de son sweat-shirt et l’entraînent dehors. D’autres agents arrivent en renfort. Alors qu’il est encore debout, l’adolescent encaisse plusieurs coups de poing portés par un policier casqué. Puis il est mis à terre et la vidéo s’interrompt.
Le mineur a ensuite été conduit en garde à vue au commissariat du Blanc-Mesnil, où il a été entendu plus de 24 heures pour des faits de « violences sur les forces de l’ordre avec arme et en réunion », précise le parquet de Bobigny. De son « exfiltration » de la boulangerie, il conserve un coquard à l’œil. Et des séquelles psychologiques.
« Il éprouve un profond sentiment d’injustice d’avoir été passé à tabac pour rien »
« Il est traumatisé, affirme son avocat Me Nacim Bouamama, du cabinet Zadourian. Cela s’est passé dans son quartier, un lieu où il se sentait bien. Après ça, il ne veut plus sortir de chez lui. Sa mère envisage même de quitter Le Blanc-Mesnil pour le rétablissement de son fils. Il éprouve un profond sentiment d’injustice d’avoir été passé à tabac pour rien. »
L’avocat explique que son jeune client sortait de chez sa grand-mère quand il s’est retrouvé par hasard au milieu d’une scène de caillassage qui opposait une trentaine de personnes à la police. Celle-ci tentait d’interpeller un motard qui s’était réfugié dans le quartier des Tilleuls. Peu avant, « une course-poursuite avait débuté à La Courneuve puis elle avait continué jusqu’au Blanc-Mesnil », précise une source proche du dossier.
Trois hommes ont été interpellés à l’issue de ces incidents. L’adolescent dont l’interpellation a été filmée a été remis en liberté, sans poursuite en l’état actuel du dossier. Son avocat indique qu’une plainte sera déposée très prochainement.
Quant aux policiers qui étaient présents lors de cette intervention polémique, il s’agirait d’un équipage de la compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI)une unité spécialisée dans les violences urbaines.