Le passage de témoin attendra. Vingt-huit ans, depuis le titre de Laura Flessel en 1996, à Atlanta, aux États-Unis, que la France n’a plus ramené l’or à l’épée féminine. Voilà pour le verre à moitié vide. A contrario, avec sa deuxième place obtenue samedi aux Jeux de Paris après avoir perdu treize touches à douze contre la numéro Un mondial, la hongkongaise Vivian Kong, Auriane Mallo-Breton permet aux filles de retrouver le succès olympique à l’épée individuelle. Il faut en effet remonter à 2004, il y a vingt ans, aux Jeux d’Athènes pour retrouver trace d’une médaille. Deux pour être précis. En bronze pour Maureen Nisima et en argent pour une certaine… Laura Flessel.
Depuis « la guêpe », comme elle était surnommée, a pris sa retraite, elle est même devenue ministre. Comment expliquer une telle disette ? « Les filles ont réappris, peut-être, ce qu’était le sport de haut niveau, pointe Laura Flessel, présente dans les gradins du Grand Palais ce samedi. Ces deux dernières années, sous la houlette d’Hervé Faget et de Lionel Prunier (les deux entraîneurs de l’équipe de France d’épée féminine)de l’ordre a été remis. Ils ont donné un cadre et l’envie de se faire mal que les filles avaient peut-être oublié ».
Hervé Faget qui n’est pas n’importe qui pour Laura Flessel : « C’était mon entraîneur, c’est vrai, poursuit celle qui est maintenant présidente de la commission épée dame à la fédération française d’escrime (FIE). Il a insufflé une dynamique. On a notamment obligé les filles à aller sur certaines compétitions. Il a mis en place avec l’ANS (agence nationale du sport) toute une organisation pour que les filles progressent. Et ça, ce sont les résultats d’aujourd’hui ».
Ce titre de vice-championne olympique fait-il d’Auriane Mallo-Breton l’héritière de l’épéiste guadeloupéenne ? « C’est l’héritière de l’épée dame, je ne me place pas au-dessus, balaie Laura Flessel. Ce qui est sûr, c’est qu’Auriane est une guerrière. Elle a répondu présente à l’instant T, le jour J à l’heure H. Elle a une bonne gestion de la pression, elle est patiente tout en sachant bousculer ses adversaires. Elle a su gérer des matchs compliqués, en écoutant son coach. Ce qui est un signe de grande maturité. Mais ce n’est pas une attaquante ».