Le verdict vient d’être rendu depuis dix minutes quand, soudain, Sofiane R. s’écroule. Mis en position latérale de sécurité par les agents pénitentiaires qui l’escorte, il reprendra ses esprits dans la foulée. Dans ce procès qui se tenait depuis ce lundi devant la cour d’assises des mineurs de l’Oise, c’est lui qui écope de la plus grosse peine, 16 années de réclusion, pour la séquestration et le viol d’Élodie (le prénom a été modifié), à Creil, en janvier 2021. Julien N. et Tristan M., deux frères, ses co-accusés, poursuivis pour complicité de viol, ont été condamnés respectivement à onze et dix années de prison ce vendredi soir.
Une décision qu’ont refusé de commenter leurs avocats. « Nous réfléchissions s’il y a lieu de faire appel, nous avons dix jours pour cela », avance Me Jonathan Levy, avocat de Julien B., appuyé par Me Nora Missaoui, conseil de l’autre frère.
La dernière accusée, Charlotte (le prénom a été changé car la jeune femme était mineure au moment des faits), a été condamnée à cinq années de prison. Un mandat de dépôt à effet différé a été prononcé à son encontre, elle devra se rendre au Centre pénitentiaire de Beauvais fin juin afin de purger sa peine.
« On m’a cru et pas eux »
Des peines supérieures aux réquisitions prononcées par l’avocate générale qui ont de quoi satisfaire Delphine Le Gac, l’avocate d’Élodie. « Cette semaine a été un long chemin de croix, soupire-t-elle. Avec des versions qui ne cessaient de varier jusqu’à ce qu’on aborde concrètement les faits. L’important pour ma cliente, c’est qu’elle a été entendue. »
Interrogée lors de l’ouverture du procès, la pénaliste évoquait alors « un déferlement de violence inouï jusqu’à des faits de viols inqualifiables ». Un calvaire estimé, au moins, à trois heures, où Élodie sera violentée à de très nombreuses reprises, recevant notamment deux coups de couteau. Alors qu’elle avait réussi à s’enfuir au petit matin pour trouver refuge dans un commerce, les témoins évoqueront une « jeune fille au visage tuméfié » et aux vêtements tachés de sang.
Revenir devant ses agresseurs aura été une véritable épreuve pour Élodie, que la jeune femme tenait à mener. Ce vendredi matin, elle s’était pourtant échappée du tribunal à l’heure des plaidoiries de la défense. « Je ne pouvais plus être dans cette salle, entendre à nouveau toutes ces horreurs », relatait-elle. Après le verdict, elle apparaissait apaisée. « Je suis épuisée, moralement et physiquement mais je suis soulagée, confie-t-elle. J’ai trouvé ce que j’étais venue chercher. Ce sera toujours avec moi mais c’est un poids en moins pour me reconstruire. »
Avec toujours, comme elle l’avait évoqué au début du procès, une pensée pour les filles et les femmes victimes de viol. « C’est aussi un message pour toutes celles qui n’ont pas osé porter plainte. On m’a cru et pas eux. »