Ce devait être un week-end sympathique entre amies. Il a viré au cauchemar. Alors qu’elles profitaient du pont de l’Ascension pour se rendre dans le village de Dingy-Saint-Clair (Haute-Savoie), deux jeunes femmes originaires de Meurthe-et-Moselle ont fait une terrible découverte dans leur appartement loué pour l’occasion : une caméra dissimulée dans un radio-réveil, orientée vers la douche.
Madison, une des deux victimes, a déposé plainte et raconté sa mésaventure sur son compte TikTok. Intitulée « J’ai loué un Airbnb et j’ai été filmée sous la douche », la vidéo cumule aujourd’hui plus de 2,3 millions de vues sur le réseau social. Publié en mai, son témoignage est redevenu viral ces derniers jours. Comme avancé par France Bleu Pays de Savoieune enquête a été ouverte et confiée à la gendarmerie de Thônes (Haute-Savoie), confirme au Parisien le parquet d’Annecy.
Au moment de réserver, rien ne laissait présager une telle découverte. « Il y avait plusieurs dizaines de commentaires sur le profil du propriétaire de l’appartement, tous étaient très bons », nous raconte Madison. Elle précise ne jamais l’avoir rencontré, la remise des clés ne s’étant pas faite directement avec l’hôte.
« Ça m’a détruit »
« Mais au bout du troisième jour, on se rend compte qu’on est filmées », poursuit-elle. Le réveil, posé sur une pile de rouleaux de papier-toilette, est parfaitement orienté vers la douche. Un positionnement étrange qui interpelle la jeune femme. Elle saisit l’objet et distingue alors un petit objectif. Madison, abasourdie, décide d’appeler la police. « J’ai récupéré la caméra et je suis directement allé au poste, sur leurs conseils. J’ai vu les images qui correspondaient au moment où je me douchais ».
« Ça m’a détruit, confie-t-elle. J’ai des séquelles dont je ne pourrai jamais parler. Quand j’entre dans une pièce, je regarde s’il y a des caméras… J’ai développé une espèce de parano, désormais je me sens observée. Ce que j’ai subi, c’est une agression sexuelle. Je suis traumatisée de ce qu’il m’est arrivé, de me voir sur une caméra, filmée à mon insu tout en sachant que quelqu’un voit les images ». Aujourd’hui, la jeune femme est suivie par une professionnelle de santé.
Le propriétaire avoue « avoir pété un plomb »
Après avoir appris que son compte Airbnb allait être suspendu, le propriétaire de l’appartement a téléphoné à Madison. « Il a essayé de me dissuader de déposer plainte, mais je l’avais déjà fait. Il m’a dit qu’il était désolé, qu’il avait fait ça parce que sa compagne était partie, qu’il avait pété un plomb et qu’il faisait ça pour combler un vide », raconte-t-elle.
Contacté par Le Parisien, le parquet d’Annecy explique que l’enquête est toujours en cours. « Une perquisition a été réalisée au domicile du mis en cause. La caméra a été saisie et a fait l’objet d’une exploitation. Des images d’une dizaine de personnes, potentiellement victimes des mêmes agissements que les plaignantes, ont été mises en évidence », précise le vice-procureur Benoît Defournel.
Le parquet confirme par ailleurs qu’Airbnb a bien supprimé l’annonce de l’homme visé par la plainte. Madison, elle, assure l’avoir vue sur d’autres plates-formes de location.