À 62 ans, Chanmaly venait tout juste de prendre sa retraite et avait des projets plein la tête. « Beaucoup de projets », insiste Me Houria Zanovello, avocate de la famille de la sexagénaire, percutée mortellement par une automobiliste le 5 juillet 2022à Agnetz. Ce mardi, la conductrice de 34 ans a été condamnée à 30 mois de prison, dont 8 ferme sous forme de détention à domicile, par le tribunal de Beauvais. Alcoolisée au moment des faits, elle devra également respecter une obligation de soins, psychologique et addictologique.
En cette belle soirée d’été, Chanmaly était sortie se promener avec son mari dans les rues de la commune. Mais vers 20h30, alors qu’ils marchaient sur le bas-côté d’une petite route qui jouxte les terrains de tennis, une automobiliste percute la sexagénaire. Elle décédera quelques minutes après le choc, malgré un massage cardiaque prodigué par un gendarme en civil témoin de la scène. « J’avais le soleil dans les yeux, je ne l’ai pas vue, sanglote la conductrice à la barre du tribunal. J’ai juste entendu boum. C’est tout ce dont je me souviens. »
« Elle est partie car vous avez été négligente »
Côté conduite, les expertises menées par les gendarmes prouvent que la trentenaire respectait les limites de vitesse. Mais le problème est ailleurs : ce soir-là, elle avait bu trois bières avant de prendre la route, rompant « 6 ou 7 mois » d’abstinence. « Une consommation incompatible avec son traitement », rappelle la procureure de la République, Caroline Tharot, en référence aux médicaments prescrits dans le cadre d’un sevrage alcoolique. « Je n’avais pas mangé et j’étais fatiguée, concède cette mère deux enfants. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait cela, j’ai honte. »
« C’est difficile mais aujourd’hui il faut assumer : elle est partie car vous avez été négligente », s’emporte Me Zanovello. Derrière l’avocate, une quinzaine de membres de la famille de Chanmaly sont présents, venus pour certains avec des portraits de la victime. Née à Phnom Penh au Cambodge, cette dernière a connu le régime des Khmers rouges et le travail forcé avant de trouver exil en France. « Cela faisait à peine quatre mois qu’elle était à la retraite » souffle Me Zanovello. Chanmaly n’aura pas eu le temps d’en profiter.