Les magistrats et les jurés vont désormais se retirer dans un endroit tenu secret, en dehors du palais de justice, « en raison de la longueur prévisible du délibéré », avant de rendre le verdict, mercredi à 17 heures, dans le procès de Rédoine Faïd pour son évasion de la prison de Réau en 2018.
Mais avant de répondre à 194 questions, les magistrats et les jurés ont entendu une dernière fois les douze accusés dans cette affaire dont les deux frères et les trois neveux du braqueur multirécidiviste.
Lorsqu’il prend la parole, Rédoine Faïd, l’air solennel, commence par présenter ses excuses au pilote d’hélicoptère assis en face de lui, pris en otage par son frère Rachid et d’autres ce 1er juillet 2018, pour aller le libérer de la prison de Réau (Seine-et-Marne). « Vous vous prenez la tête à faire les choses bien pour vous évader, mais ça reste violent », reconnaît Rédoine Faïd, jugé pour sa deuxième évasion. Et le braqueur de 51 ans au crâne chauve d’ajouter : « Si c’était à refaire, je ne le referais pas. J’ai bousillé des vies, traumatisé des gens ».
Et de promettre qu’il tentera son possible pour ne pas « recommencer ». « Je vais essayer de faire ce travail sur moi-même, pour me projeter… Même si les portes de prison se sont un peu refermées sur ma vie », ajoute celui dont la fin de peine est pour l’heure prévue à 2046. L’accusation a en effet requis 22 ans de réclusion criminelleune peine faite pour « les assassins », a répondu sa défense.
« J’ai confiance en la justice, j’ai jamais triché »
Puis, Redoine Faïd s’est adressé directement à son frère Rachid, âgé de 65 ans assis comme lui dans le box. Un grand frère qui a joué le père de substitution dans une famille marquée par les drames. « Papa, maman », leur sœur aînée… « là où ils sont, ils t’adorent. Depuis qu’ils sont plus là, t’es un roc », lance le braqueur à son frère. « Je vais te dire un truc que je t’ai jamais dit… Je t’aime ».
Alors Rachid Faïd se lève, contourne le grand bandit corse Jacques Mariani assis entre eux, et prend longuement son frère dans ses bras. Les gendarmes et la cour laissent faire. Ce procès, c’est « une boîte à émotions », a décrit Brahim Faïd, l’autre frère, 63 ans, jugé ici parce qu’il se trouvait au parloir au moment de l’évasion. Les avocats généraux l’ont cru quand il jurait n’avoir pas été mis au courant, et ont demandé son acquittement.
L’accusation a requis 18 ans de prison contre Rachid Faïd pour être allé chercher son frère en hélicoptère et avoir scié les grilles menant au parloir de la prison où se trouvait Rédoine. « J’ai confiance en la justice, j’ai jamais triché », a lancé Rachid Faïd en admettant que « c’est la seule tricherie » d’une vie où il a « toujours travaillé ». « J’ai toujours aidé les autres », avait-il conclu.