La Ligue des droits de l’Homme a dénoncé mercredi l’intervention policière « démesurée » ayant provoqué la mort d’un homme qui a reçu une douzaine de décharges de pistolet à impulsion électrique, le 4 janvier à Montfermeil (Seine-Saint-Denis)l’association demandant un « encadrement strict » de l’utilisation de cette arme.
Vendredi, cet homme de 30 ans est décédé après avoir subi deux arrêts cardiorespiratoires. Il avait été interpellé la veille dans l’épicerie dans laquelle il travaillait à Montfermeil.
Durant l’interpellation, il a reçu une douzaine de décharges de taserd’après les premiers éléments de l’enquête communiqués par le parquet de Bobigny. 18 fonctionnaires sont intervenus en plusieurs fois sur les lieux, six ont fait usage de leur pistolet à impulsion électrique (PIE, qui projette des aiguillons reliés à l’arme par des filins).
« L’utilisation massive et répétée de cette arme, alors que l’homme était seul face à 18 fonctionnaires de police présents au moment de son interpellation, est extrêmement inquiétante », estime la LDH dans un communiqué.
« Utilisation disproportionnée »
« Cette intervention policière démesurée nous conduit une nouvelle fois à questionner les méthodes d’intervention et l’utilisation disproportionnée de leurs armes par certains policiers » ajoute l’organisation, demandant « à ce que toute la lumière soit faite sur ce nouveau décès qui semble résulter de violences policières injustifiées ».
D’après une source policière, reprenant la version des premiers policiers à être intervenus dans l’épicerie, les fonctionnaires s’y étaient rendus pour déloger cet employé « agressif, violent et fortement agité ». Il sera plus tard testé positif à l’alcool.
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Toujours selon leur version, après avoir tenté de le raisonner, la situation a dégénéré, l’homme a pris les agents à partie, en mordant un violemment au doigt et le blessant au visage. Les fonctionnaires ont alors fait appel à du renfort, après avoir tiré plusieurs décharges de taser et avoir tenté, sans succès, de le menotter.
Les pistolets à impulsion électrique sont « trop facilement utilisé(s) comme un moyen de neutralisation sur des personnes ne présentant pas de danger immédiat », estime la LDH. Elle demande que « cette arme ne fasse pas l’objet de l’équipement systématique et indifférencié à l’ensemble des agents de police » et un « encadrement strict » de son utilisation.
Le lendemain du décès, des témoins de la scène ont assuré, sans toutefois s’étendre, que l’épicier n’avait jamais fait appel aux policiers ce soir-là et que la patrouille de la brigade anticriminalité était intervenue d’initiative, contrairement à l’affirmation d’une source proche du dossier. D’après eux, le jeune homme a été « tabassé ». Selon les amis de la victime, ce père de deux enfants n’avait pas de problème particulier avec les forces de l’ordre, qui le rencontraient souvent lors de leurs patrouilles.