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Infirmière tuée à Reims : l’agresseur « en voulait aux blouses blanches », ce qu’il faut retenir de la conférence du procureur

by Jamesbcn
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Deux jours après l’attaque au couteau au CHU de Reims qui a coûté la vie à une infirmière et grièvement blessé une secrétaire médicale, le procureur de la République a annoncé lors d’une conférence de presse ce mercredi à la mi-journée l’ouverture d’une information judiciaire pour assassinat et tentative d’assassinat. L’agresseur présumé doit être présenté à un juge d’instruction ce jeudi dans le cadre de son éventuelle mise en examen. Le suspect encourt la réclusion criminelle « à perpétuité ».

Que s’est-il passé ?

Lundi, ce Rémoins s’est attaqué à Carène Mezinoâgée de 37 ans, au couteau dans un vestiaire de l’unité de médecine du travail de l’hôpital. Frappée de multiples blessures au thorax et à l’abdomen, selon les détails du procureur de la République Matthieu Bourette qui n’a pas voulu en préciser le nombre, cette mère de deux enfants de 8 et 11 ans est décédée d’une hémorragie interne dans la nuit de lundi à mardi.

Sa collègue, une secrétaire médicale, a quant à elle reçu cinq coups de couteau. Elle est désormais hors de danger.

L’homme a ensuite pris la fuite mais a rapidement été interpellé par des agents de sécurité de l’établissement hospitalier puis par la police. Sur lui, les forces de l’ordre ont découvert une arme blanche, de type couteau de cuisine, longue de 15 à 20 centimètres. En garde à vue, le suspect a affirmé l’avoir achetée le matin même, pour mener à bien son projet fomenté depuis plusieurs mois. Mais pour l’heure, ses propos n’ont pas pu être vérifiés en raison de son incohérence.

Il « en voulait au milieu hospitalier, aux blouses » blanches, indique le magistrat.

Qui est le suspect ?

Connu pour des psychoses chroniques depuis son enfance, le suspect, âgé de 59 ans, a été agité tout au long de sa garde à vue hospitalière, qualifiée de « difficile » par le procureur qui explique : «Si son interpellation n’avait pas posé de difficulté, sa garde à vue, et ses interrogatoires ont été particulièrement difficiles.»

Il n’a manifesté « aucun regret, aucune empathie » au regard des victimes. Le procureur l’a décrit comme un « suspect paranoïaque et schizophrène ».

« Son psychiatre ne s’attendait pas à un tel passage à l’acte, il était pour lui stabilisé, il venait tous les jours au rendez-vous pour prendre ses médicaments, dont la dernière fois le jour des faits », a-t-il détaillé. Sa mère a cependant indiqué aux enquêteurs qu’elle n’était pas « surprise » de ce nouveau passage à l’acte.

« L’enquête mettait en évidence une divergence de points de vue entre la mandataire judiciaire et le psychiatre de l’intéressé, la première estimant (…) que depuis au moins décembre 2020, il ne prenait plus son traitement, tandis que le second estimait que la situation était stabilisée, que le traitement était pris et que la mesure même de protection ne se justifiait plus. », a ajouté le magistrat.

La mandataire avait sollicité fin octobre 2022 auprès du juge des tutelles son dessaisissement « au regard de la dangerosité potentielle et imprévisible de l’intéressé en lien avec sa pathologie psychotique justifiant un suivi médical permanent ».

Cet homme était placé sous « curatelle renforcée » et était soumis à un traitement médicamenteux quotidien, qu’il pourrait ne pas avoir suivi. Lors des perquisitions à son domicile, « un sachet de médicament ni ouvert ni entamé » a été retrouvé, a encore indiqué Matthieu Bourette.

Reconnu comme adulte handicapé, il était suivi en psychiatrie depuis 1985 et a fait de nombreux séjours dans des hôpitaux psy, le dernier en 2021.

L’homme semblerait avoir agi sans mobile apparent, n’ayant ni rendez-vous ni suivi dans ce service.

Crime « de haine » ou « de folie » ?

Le juge d’instruction et les enquêteurs devront désormais déterminer quelles ont été les motivations du suspect. L’enjeu sera de déterminer « si on peut parler d’un crime de haine ou d’un crime de folie », indique le procureur. Le mis en cause a déclaré au moment de son interpellation avoir donné « plusieurs coups de couteau » aux victimes en raison de leur qualité, affirmant en « vouloir à la psychiatrie », qu’il a qualifiée de « criminelle (…) d’assassins, de faux cul et de faux jeton », a précisé le procureur lors d’une conférence de presse.

Le suspect « avait déclaré à plusieurs reprises aux fonctionnaires de police en vouloir au milieu hospitalier, indiquant avoir été maltraité depuis plusieurs années par le milieu psychiatrique. Il ajoutait en vouloir aux blouses blanches, précisant que chaque fois qu’il croiserait une blouse blanche, il la planterait car il voulait se venger », a détaillé le magistrat.

Plusieurs membres du personnel médical qui l’avaient vu déambuler dans le service quelques courtes minutes avant son passage à l’acte avaient entendu des termes de même nature, selon le procureur.

Contrairement à ce qu’avait dans un premier temps indiqué le procureur, l’homme n’a pas bénéficié en juin 2022 d’un non-lieu « pour irresponsabilité pénale » après une mise en examen pour des « violences aggravées » dans une précédente affaire remontant à 2017. Mais d’une ordonnance de transmission de pièces en vue de saisir la chambre de l’instruction de la cour d’appel pour qu’il soit statué sur son éventuelle irresponsabilité pénale en raison « de l’abolition de son discernement ».

La chambre de l’instruction devait rendre sa décision ce vendredi 26 mai. Mais selon le procureur Matthieu Bourette, le passage à l’acte de l’individu n’aurait rien à voir avec cette échéance.

L’homme avait agressé 4 collègues au couteau dans un établissement de service d’aide par le travail (ESAT).

VIDEO. « Un drame épouvantable » : l’hommage du CHU de Reims à l’infirmière tuée dans une attaque au couteau

Une minute de silence sera également respectée mercredi dans tous les hôpitaux de Franceà la demande de François Braun, qui s’était rendu lundi soir au CHU de Reims.

Interpellé à trois reprises lors des questions à l’Assemblée nationale, le ministre François Braun a promis de réunir jeudi matin syndicats et représentants des professionnels de santé pour « qu’on voie tout de suite s’il y a des solutions possibles pour améliorer cette sécurité ».

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