Parler de chevaux à Antonio RipollRigoc’est un peu comme offrir un cadeau à un enfant. Très rapidement, le grand gaillard va se mettre à avoir des étoiles dans les yeux. « Je suis un passionné avant d’être un entraîneur », confie-t-il. Forcément, à l’évocation de la participation de son protégé, Jango Viciau Critérium des 5 Ans, le professionnel originaire de Majorque ne peut cacher son excitation. « C’est un rêve qui est en train de se réaliser », lâche-t-il.
Après plusieurs saisons à travailler aux côtés de Timo Nurmos et Stefan Hultman en Suède, son aventure en France a débuté en 2010. « Je suis parti de rien, glisse-t-il. Tout ce que j’ai aujourd’hui, je l’ai acheté avec l’argent que j’ai gagné avec mes chevaux. »
Épaulé au quotidien par Florent Guérineau, celui surnommé Toni a parcouru du chemin. « Mon premier rêve était de courir à Vincennes. Une fois réalisé, je voulais arrêter, sourit-il. En ce moment, je suis à la tête d’une écurie avec des éléments de niveau Groupe, tels que Djob libertin et Jango Vici. Tous les matins, je touche quelque chose qui semblait inaccessible. »
La bienveillance de l’homme de 48 ans est touchante et contraste avec son impressionnante carrure. S’il a vécu de grandes émotions avec son cheval de cœur, Dimo d’Occagnesil passe au niveau supérieur avec le fils de Dragon des Racques. « Certains entraîneurs meilleurs que moi ont travaillé toute leur vie sans tomber sur un super trotteur. On devrait tous avoir une fois dans sa vie un crack à s’occuper. »
« Souvent, quand il est là, ils gagnent »
La journée de samedi, le Majorquin se l’est imaginée plus d’une fois ces dernières semaines. « J’aimerais voir la tête de mon équipe si on gagne le Critérium, s’amuse à se projeter l’intéressé. Et celle de mon propriétaire aussi. » Celui-ci se nomme Victor Iniguez Soben et a connu une jolie réussite dans le monde hippique, comme le confirme l’entraîneur : « Il a acheté Felli onze et Sydney du Rib. Il habite à Ibiza et parfois, vient voir ses chevaux courir sans me le dire. Souvent, quand il est là, ils gagnent. Et il sera présent samedi… »
Face à Arbre Jushuachampion de Jean-Michel Bazire et leader de la génération, pas évident de voir Jango Vici monter sur la plus haute marche du podium. Mais sa préparation a été idéale. « On prépare cette compétition depuis le mois de juin, assure Toni avec son accent espagnol. On a tout fait comme si c’était écrit sur un cahier. Dans ma tête, ce Critérium est une course comme une autre. Cela enlève de la pression. Lundi matin, son dernier travail à Grosbois a été superbe. On a un cheval en forme et un driver en forme (NLDR : Benjamin Rochard). »
Tout semble donc réuni pour voir Jango Vici confirmer sa très belle impression laissée dans le Prix Jockey (Groupe II), le 31 août à Vincennes. « Je cours contre des professionnels qui ont l’expérience de ce genre d’épreuves, tempère-t-il. Mais mon pensionnaire a montré qu’il pouvait battre la plupart de ses adversaires. Il nous faudra juste un peu de chance durant le parcours. »