Fuir une nouvelle fois les bombes. L’armée israélienne a ordonné lundi à une partie des habitants de Khan Younèsville du sud de la bande de Gazad’évacuer leur logement avant « une opération intensive contre des organisations terroristes », selon un communiqué. « En raison d’importantes activités terroristes et de tirs de roquettes en direction d’Israël depuis la partie orientale de la zone humanitaireil est désormais dangereux d’y rester », explique le communiqué.
Selon la carte diffusée par l’armée israélienne, les habitants des quartiers est de Khan Younès doivent se diriger vers l’ouest, c’est-à-dire en bord de mer, dans une partie de la bande de Gaza que l’armée israélienne appelle « zone humanitaire » d’al-Mawasi. Une deuxième carte diffusée par l’armée israélienne montre qu’une partie d’al-Mawasi n’est plus considérée comme faisant partie de la zone vers laquelle les habitants devaient évacuer.
Après des bombardements israéliens ces dernières semaines sur cette zone, nombre de Palestiniens craignent d’aller rejoindre ces étendues de tentes dont certaines ne sont que des pans de bâches ou de sacs d’aide humanitaire accrochés à des morceaux de bois. Les habitants de l’est de Khan Younès ainsi que des faubourgs et villages attenants ont décrit des scènes de panique lundi matin.
Au moins 70 morts
« Nous sommes partis au milieu des bombardements de l’aviation et des chars, et des tirs de drones », raconte Youssef Abou Taimah, 27 ans, « ils ont bombardé les habitations alors que les gens étaient encore à l’intérieur ». Il dit avoir vu « des blessés et des morts transportés sur des tuk-tuks (petit véhicule à trois roues, NDLR) et des charrettes tirés par des ânes vers l’hôpital Nasser » alors qu’il se rendait avec sa famille vers al-Mawasi.
« Les attaques et massacres perpétrés par l’occupation israélienne dans le gouvernorat de Khan Younès depuis ce matin et jusqu’à maintenant » ont provoqué la mort de « 70 martyrs et fait plus de 200 blessés, dont certains dans un état grave », a indiqué le ministère de la Santé du Hamas, qui s’appuie sur les arrivées à l’hôpital Nasser, l’un des derniers établissements de santé partiellement opérationnels dans le sud de la bande de Gaza. Contactée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas répondu dans l’immédiat.
« Même les trottoirs sont remplis de monde »
Originaire d’al-Qarara au nord-est de la ville de Khan Younès, Abou Taimah a affirmé s’être déjà déplacé quatre fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a plus de neuf mois. Il craint de ne pas trouver où s’installer. « Nous allons vivre dans la rue, et encore, même les trottoirs sont remplis de monde et de tentes », dit-il, « on est épuisé, on n’en peut plus de ces déplacements ».
Ahmed al-Bayouk, un habitant de la ville de Khan Younès de 53 ans, ajoute : « C’est la troisième fois que nous devons nous déplacer, à chaque fois c’est de plus en plus difficile. On s’installe pour quelques jours mais ensuite l’armée arrive, bombarde, et nous devons nous déplacer à nouveau », déplore-t-il, disant ne rien avoir emporté avec lui et s’inquiétant surtout « des maladies et des épidémies » pour ses enfants dans la zone surpeuplée d’al-Mawasi.
Resté à Khan Younès, dans le quartier Sheikh Nasser, Mohammad al-Farra est pétrifié : « si nous restons dans nos maisons, nous mourrons, et si nous sortons sur les routes, nous mourrons aussi ». Il a raconté entendre les explosions se rapprocher de chez lui depuis le matin.