En visite en Guadeloupe durant deux jours, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a renouvelé mardi et mercredi ses promesses d’effectifs supplémentaires face à des juridictions en manque de moyens. À Pointe-à-Pitre comme à Basse-Terre, le garde des Sceaux s’est rendu dans les tribunaux judiciaires pour « annoncer ce que contenaient les textes (qu’il va) porter devant le Parlement », a-t-il indiqué à la presse.
L’occasion pour le ministre de rappeler l’embauche déjà annoncée de 1 500 magistrats et 1 500 greffiers d’ici 2027, prévue dans le projet de loi de programmation et d’orientation de la justiceet la possibilité pour des contractuels d’être « attachés de justice », une fonction nouvellement créée. Le garde des Sceaux a fait savoir que la juridiction de Pointe-à-Pitre compterait « quatre nouveaux magistrats » d’ici septembre, qui, selon la présidente du tribunal judiciaire, Hélène Judes, « viendront compléter les postes vacants ». « Nous attendons surtout des effectifs aux greffes », a déclaré la magistrate.
« On a aussi cruellement besoin d’effectif »
Le ministre a également annoncé la venue en Guadeloupe d’un coordinateur chargé de faciliter le travail des fonctions supports ainsi que de techniciens informatiques. Éric Dupond-Moretti a rappelé son ambition de faciliter les passerelles d’accès à la magistrature via la pérennisation des emplois de contractuel. « Cela nous aidera à recruter localement », a salué Françoise Gaubin, présidente du tribunal de Basse-Terre.
« Le nombre de contentieux augmente chez nous aussi, on a aussi cruellement besoin d’effectif », a affirmé Malika Deros, déléguée CGT, à Basse-Terre qui, avec d’autres agents durant les échanges, a fait part à Éric Dupond-Moretti des problèmes liés au décalage horaire avec Paris, rendant difficile la gestion des problèmes informatiques ou la participation aux formations du personnel judiciaire dispensées aux horaires de la capitale. Et de rappeler le contexte difficile que connaît le territoire, entre-temps de trajets élevés, violences (25 homicides et 130 tentatives commis en 2022 selon le parquet) ou encore coupures d’eau récurrentes.
Le ministre a également promis de grands programmes immobiliers, un point noir pour les juridictions guadeloupéennes. Si l’historique palais de justice de Pointe-à-Pitre a été supplanté par un édifice flambant neuf en 2019, l’ancien bâtiment doit encore être rénové pour installer le tribunal de proximité, d’ici 2027.
« Certains de nos collègues ont des bureaux aveugles, les murs suintent », a rappelé Hélène Judes au ministre, insistant sur la vétusté des locaux de pôles judiciaires comme dans la juridiction de Basse-Terre, où le tribunal, classé monument historique, est selon elle inadapté à la justice moderne. « Depuis 2012, on nous prévoit un nouveau tribunal », a raconté Malika Deros, à Basse-Terre. On nous dit qu’on nous le livrera en 2034. » Selon elle, les travaux devraient commencer après la livraison de la nouvelle maison d’arrêt de la ville, initialement prévue en 2021.
Éric Dupond-Moretti a également posé la première pierre d’une extension de 300 places du centre pénitentiaire de Baie-Mahault, qui compte 491 places selon sa directrice et affiche 272 % de surpopulation carcérale. Une extension, dévoilée en 2019 par l’ancienne garde des Sceaux Nicole Belloubet et annoncée pour cette année, qui sera finalement livrée en 2026.