Comment un passager a-t-il pu ouvrir la porte d’un avion de ligne encore en vol ? La question se pose au lendemain de l’incident qui fait une dizaine de blessés légers parmi les voyageurs d’un Airbus A321 d’Asiana Airlines. « Nous sommes en train d’examiner quelle est l’origine de cet incident. Les portes de l’avion ne peuvent généralement pas se déverrouiller avant que l’appareil ait touché le sol », indique ce samedi au Parisien le constructeur aéronautique européen.
Vendredi après-midi, alors que l’avion était encore à environ 200 m du sol et approchait de la piste d’atterrissage de l’aéroport international de Daegu en Corée du Sud, un homme d’une trentaine d’années a ouvert l’issue de secours près de laquelle il était assis. À la police, il a raconté avoir senti qu’il « étouffait » et avoir voulu sortir « vite » de l’appareil. L’avion a pu atterrir en toute sécurité, mais une dizaine de personnes ont été conduites à l’hôpital pour des difficultés respiratoires.
VIDÉO. Grosse frayeur en plein vol : un passager ouvre la porte de l’avion juste avant l’atterrissage
« Heureusement, à cette altitude (200 mètres) il n’y a pas de dépressurisation, ou alors elle est très faible, car la pression à l’intérieur de la cabine est presque la même qu’à l’extérieur », explique Bertrand Vilmer, expert en aéronautique au cabinet de conseil Icare. Les passagers, qui étaient assis et attachés, n’ont donc pas été « aspirés » dehors.
Verrouillée automatiquement
Un phénomène de décompression brutale pourrait en revanche survenir en cas d’accident aéronautique en haute altitude. Si, par exemple, un avion vole à son altitude de croisière (10 000 m) et qu’une de ses portes s’ouvre, la pression de l’air à l’intérieur de la cabine, qui doit être maintenue à une pression correspondant à 2 400 m d’altitude, va chuter brutalement et l’effet de souffle sera très violent pour les personnes situées près de l’ouverture.
Sauf qu’une porte ne peut pas s’ouvrir à cette hauteur, car elle est verrouillée électroniquement. En outre, les issues de secours ne sont pas conçues pour être ouvertes en plein vol. « Presque toutes les sorties d’avion s’ouvrent vers l’intérieur. Certaines se rétractent vers le haut dans le plafond, d’autres se balancent vers l’extérieur, mais elles s’ouvrent d’abord vers l’intérieur », explique Patrick Smith, pilote de ligne et auteur du blog Demandez au pilote.
Or, à haute altitude, la différence de pression entre l’intérieur de la cabine et l’extérieur est si forte qu’il faudrait une force surhumaine pour tirer la porte vers soi et l’ouvrir. « La pression atmosphérique dans l’avion agit comme un bouchon et force la porte à rester en place », résume Xavier Tytelman, spécialiste de la sécurité aérienne.
Si, en revanche, la différence de pression est moindre ou inexistante, un passager aura la force d’ouvrir l’issue de secours. Mais la première sécurité, le verrouillage automatique, doit pour cela être levée. Celle-ci se désarme lorsque le différentiel entre la pression de l’air à l’intérieur et à l’extérieur de l’avion est très faible, comme lorsque l’appareil « a une vitesse de roulage ou est en configuration d’atterrissage », indique Bertrand Vilmer. Dans le cas de l’incident en Corée du Sud, l’avion était à trois minutes de l’atterrissage.