L’équipe de France existe toujours. Elle vient même d’envoyer un signe de vie depuis Lyon et le Groupama Stadium où elle a une nouvelle fois battu la Belgique (2-0), sa proie favorite depuis six ans. C’est simple : quand les Bleus ne vont pas bien, il leur faut affronter les Diables Rouges, victimes consentantes pour n’importe quelle occasion : Coupe du monde, Ligue des nations, Euro. Ils se retrouveront le mois prochain à Bruxelles, après un crochet à Budapest pour rencontrer Israël, et les Belges auront le droit de retenter leur chance s’ils en ont encore l’envie. A leur place, on renoncerait mais pas sûr qu’ils le voient ainsi.
On a aimé cette équipe de France dépeuplée de certains cadres et de ses anciennes valeurs sûres – Kylian MbappéAntoine Griezmann, Théo Hernandez remplaçants au coup d’envoi –, lancée dans un climat de défiance, pour sa réaction. Le nom de Didier Deschamps a été conspué par le public dégarni de Lyon, juste derrière celui de leur tête de Turc préférée, Bradley Barcola, entré à la 67e à la place de Marcus Thuram dans un match achevé avec l’attaque parisienne de la saison passée : Ousmane Dembélé, Kylian Mbappé et donc l’ex-Lyonnais.
Revenons aux Bleus. Ils ont commencé la partie sur la pointe des crampons, conscients d’être attendus au tournant et comme s’ils venaient de se faire engueuler, ou que la soufflante de Mike Maignan résonnait encore à leurs oreilles.
Dépossédés du ballon par la Belgique, ils ont souffert, vu Dodi Lukebakio toucher le poteau (7e), Loïs Openda taclant dans le vide rater le cadre pour un pied trop court, mais ils ont résisté, renoué avec leurs grands airs défensifs de l’Euro pour contenir une attaque virevoltante mais maladroite. Forts de cette base – celle de toujours avec Didier Deschamps – ils ont peu à peu gagné du terrain comme on passe le nez par la fenêtre pour voir le temps qu’il fait.
Sous l’impulsion d’un milieu de terrain retrouvé – étonnant Mattéo Guendouzi, invité de dernière minute après le forfait d’Aurélien Tchouaméni –, ils ont même développé des actions construites, notamment grâce à l’apport des latéraux et à un Ousmane Dembélé inspiré. Sa frappe déviée permettra à un Randal Kolo Muani opportuniste d’inscrire le premier but quand il se chargera du second au terme de feintes, crochets et enchaînement frappe du gauche qu’on lui connaît par cœur mais qu’il ne réussit pas assez souvent.
Didier Deschamps évite l’infamie d’une 3e défaite d’affilée
Disons que s’il en répétait plus souvent ce numéro d’équilibriste sur la pelouse, il deviendrait facilement l’un de dix meilleurs joueurs du monde alors qu’il serait plutôt un attaquant à classer de la 20e à la 30e place les bonnes années. Pour sa 51e sélection, il vient d’inscrire sa sixième réalisation, un total insuffisant dans une sélection comme la France.
Des manières collectives de défendre, un milieu qui garde le ballon et se projette après avoir souffert, des attaquants présents et qui pèsent : les Bleus ont retrouvé ce lundi une équipe, pas forcément le soir où on l’attendait alors que sur le papier celle de vendredi au Parc des Princes semblait plus forte face à un adversaire plus faible que la Belgique, l’Italie. Ils sont donc renversants en même temps qu’ils évitent à leur sélectionneur l’infamie d’une troisième défaite d’affilée, qui l’aurait plongé dans une disgrâce compliquée.
Le guide de la maison Bleue possède donc toujours les clés de l’endroit et réussit un nouveau rebond. Le mois prochain, il faudra confirmer, continuer, toujours dans la même configuration, avec deux compositions de départ très différentes. Ce serait bien que cette fois, on n’y voie que du feu dans les changements.
