En pleine secousse MeToo, le Festival de Cannes fera la part belle aux cinéastes féminines, a assuré l’actrice Camille Cottinmaîtresse des cérémonies d’ouverture et de clôture de l’événement. La comédienne a confié être « émue » et « heureuse » d’accueillir sur scène « des femmes puissantes » dont la présidente du jury, la réalisatrice Greta Gerwig, ainsi que l’actrice Meryl Streepà quelques heures du coup d’envoi de la 77e édition du rendez-vous du septième art.
« Il va y avoir des prises de parole de personnalités fortes, puissantes, des femmes puissantes qui vont porter une parole et qui sont des invitées importantes de cette cérémonie et de ce festival », a indiqué l’actrice de 45 ans, qui a débuté dans le registre comique, avec son personnage de « Connasse » notamment, avant de se connaître avec son rôle d’agent artistique dans la série au succès international « Dix pour cent ».
« Femmes exceptionnelles »
« Je suis émue et tellement heureuse d’accueillir Greta Gerwig et Meryl Streep sur cette scène, qui sont des actrices et des femmes exceptionnelles, profondément inspirantes », a-t-elle insisté. « Ça me réjouit même si je suis très traqueuse », a aussi glissé l’actrice qui a séduit Hollywood et se sent, malgré le stress, plutôt à l’aise sur la scène du Grand théâtre Lumière.
Elle en a d’ailleurs profité pour saluer « la bienveillance » des précédentes maîtresses de cérémonie, qui aide à gérer les tensions, a-t-elle estimé. « Virginie Efira a donné un petit truc à Chiara (Mastroianni) qui s’est empressée de me le donner. C’est un petit truc pour continuer à avoir une belle diction malgré un trac qui pourrait tout emporter sur son passage », a-t-elle décrit.
Lors de la cérémonie, l’actrice aspire à ce « que tout le monde se sente bien », des gens dans la salle aux invités sur scène », sans « non plus fermer les yeux sur certaines choses ». Elle a ainsi mentionné l’intervention au Sénat de Judith Godrèche, devenue fer de lance d’une nouvelle vague MeToo dans le cinéma ces derniers mois et réalisatrice d’un court-métrage pour dénoncer les violences sexuelles, « Moi aussi », qui sera présenté mercredi au Festival.
MeToo « ne sera pas du tout occulté »
Camille Cottin a estimé que l’actrice a « plus qu’ouvert la voie » sur la lutte contre les agressions sexuelles et initié « des remises en question profondes, structurelles ». Dans les colonnes de Sud-Ouestla maîtresse de cérémonie a également assuré que « ce sujet ne sera pas du tout occulté au festival, au contraire » : « Il a toujours été très connecté à la société, ne serait-ce que parce que le cinéma est le miroir de ces évolutions », a-t-elle avancé.
Dans une interview à Madame Figarola comédienne a aussi salué « les mots de Judith Godrèche »qui « ont produit un tel écho qu’ils ont permis de légiférer ». « Dorénavant, chaque mineur devra être accompagné d’un adulte référent sur les tournages », a-t-elle indiqué, une demande de Judith Godrèche lors de son audition devant les sénateurs. « J’espère d’ailleurs que cela concernera aussi la phase préparatoire, qui, à l’abri des regards, peut comporter des risques… Il faut espérer que ce soit une première étape vers la fin de l’impunité », a-t-elle poursuivi.
Invitée sur franceinfo ce mardi matin, elle a demandé davantage de protection pour les mineurs sur les tournages, estimant que les précautions actuelles sont « un peu légères ». « Ça pourrait aller jusqu’au travail de préparation et de répétition, et le fait que les mineurs doivent être accompagnés systématiquement par quelqu’un d’extérieur pour protéger l’enfance », a-t-elle avancé.
Auprès de l’AFP, Camille Cottin a par ailleurs évoqué le mouvement social initié par le collectif « Sous les écrans la dèche »qui vise à « plus de protection » sociale pour les petites mains des festivals (projectionnistes, attachées de presse..). Tout comme la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, « le festival marche de pair avec ces mouvements, les accompagne », a-t-elle assuré.
« Toutes ces questions sur les fractures de la société qui font miroir dans le cinéma, ça va ensemble. Le festival est au cœur de ces questions et il les traite en temps réel, il n’y a pas de scission », a-t-elle souligné, tout en concédant qu’il existe encore « plein de choses non résolues, ça c’est sûr ».