Une ingérence d’une puissance étrangère visant à déstabiliser la France ou une initiative personnelle qui avait pour but de « soutenir » les Juifs ? C’est la question qui reste toujours en suspens près de dix jours après l’apparition massive d’étoiles de David, peintes en bleue, sur les murs de plusieurs arrondissements de Paris, dans le XIVe notamment. Ceci alors que le conflit fait rage entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza. D’un côté, ce jeudi, Moscou a fait savoir que ces soupçons relayés dans la presse française ces derniers jours, étaient « stupides » et « indignes ». De l’autre, un nom est apparu, celui d’Anatoli Prizenko que plusieurs médias français, BFMTV et Libération notamment, ont pu interviewer. Le Parisien lui a adressé plusieurs questions, restées lettre morte pour le moment.
C’est l’étude de la téléphonie d’un couple de Moldaves, un homme et une femme âgés de 29 et 33 ans, interpellé le 27 octobre dernier dans le Xe arrondissement après avoir été surpris en flagrant délit qui a permis aux enquêteurs de remonter jusqu’à cette « tierce personne basée à l’étranger » selon le terme utilisé par une source judiciaire. Les policiers ont notamment retrouvé une conversation en russe dans un téléphone portable. Le couple aurait ainsi été rémunéré. Le commanditaire serait Anatoli Prizenko, un chef d’affaires moldave pro-Russe.
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Interrogé sur cette piste par Le Parisien, le parquet de Paris répond que « les investigations se poursuivent sous la direction d’un juge d’instruction et nous n’avons pas d’autre élément à communiquer ». Une source proche de l’enquête confirme néanmoins qu’il s’agit là d’une piste sérieuse. Les services de renseignements français travaillent aussi sur le sujet. En revanche, selon nos informations, ce soupçon d’ingérence n’a fait l’objet d’aucune note au sein du ministère des Affaires étrangères. Les policiers de la sûreté territoriale, en charge de l’enquête, sont sur les traces d’un second couple qui pourrait avoir été mandaté par le même homme. Ces deux autres tagueurs auraient quitté la France rapidement.
Une marque de « soutien aux Juifs d’Europe » selon Prizenko
À notre confrère de LibérationPrizenko a affirmé que cette action n’était pas de l’antisémitisme mais du « soutien aux Juifs d’Europe ». L’homme d’affaires moldave est un ancien proche du Parti des socialistes de la République de Moldavie (PSRM), une organisation décrite comme pro-Moscou et eurosceptique. À nos confrères qui l’ont eu au téléphone, l’homme se présentant comme Prizenko, a affirmé que « l’action n’avait pas pour but d’offenser ou de blesser négativement les sentiments de qui que ce soit, et encore moins de les effrayer. Elle était pacifique. De plus, les étoiles ont été peintes avec une peinture spéciale lavable, ce qui exclut tout dommage aux biens. Dans le contexte des attentats et de l’antisémitisme en Europe, l’action avait pour seul but d’inspirer et de soutenir les Juifs d’Europe, de leur rappeler l’histoire du peuple juif. Et que Dieu les protège toujours ! »
Le 6 novembre, les procédures ouvertes à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et Nanterre (Hauts-de-Seine) pour des étoiles de David peintes au pochoir dans ces deux départements ont été jointes à celle de Paris. Le parquet de Paris expliquait : « Il apparaît en effet qu’une même équipe a pu procéder aux différents marquages au cours d’un seul périple dans la nuit du 30 au 31 octobre ». Au total, ce sont plus de 200 Étoiles de David qui ont ainsi été recensées.
