C’est « un cri » qui a alerté Nadine. Ce jeudi, vers 11 heures, elle se trouvait dans son appartement de la résidence Charpentier à Saint-Michel-sur-Orge (Essonne). « J’ai tout de suite compris que quelque chose venait de se passer », confie-t-elle, la voix tremblante. De sa fenêtre, elle découvre plus bas une scène d’horreur. Un ouvrier du chantier de rénovation en cours sur le bâtiment vient de perdre la vie dans un grave accident.
Selon les premiers éléments recueillis par les forces de l’ordre, l’ouvrier, âgé d’une cinquantaine d’années, était en train de décharger des échafaudages à l’aide d’un camion-grue quand le drame s’est produit. « À cause du vent, le chariot porté par la grue aurait changé de sens et percuté cet homme. Il est décédé sur place », indique une source policière.
« Tout le chargement lui est tombé dessus »
« Une enquête est en cours pour homicide involontaire dans le cadre d’un accident du travail », confirme le parquet d’Évry-Courcouronnes. Elle a été confiée au commissariat de Sainte-Geneviève-des-Bois. Des habitants, présents au moment des faits, doivent encore être entendus.
Ce vendredi, on distingue encore sur les lieux les traces de sang recouvertes de sable. « Il était au sol, un de ses collègues en hauteur, raconte une riveraine présente au moment des faits. De ce qu’on a vu, il était en train de manœuvrer l’engin quand tout le chargement qu’il transportait lui est tombé dessus. Les policiers et les secours sont rapidement intervenus. Un de mes voisins a tenté de leur venir en aide, mais il était trop tard. »
Croisée à quelques pas de là, une autre habitante est encore sous le choc. « J’ai passé une très mauvaise nuit et je ne suis pas la seule. J’avais déjà vu cet homme quelques fois. J’ai échangé avec un de ses collègues effondrés. Il pensait à sa femme et ses enfants. »
Le chantier interrompu
Le chantier venait d’être lancé par le bailleur Essonne Habitat. Il vise à réhabiliter 136 logements de la résidence Charpentier. « Il va être interrompu quelques jours, informe Essonne Habitat. Nous ferons ensuite le point avec l’entreprise, Européenne de bâtiment. Ses collègues sont bien secoués, c’était un employé de longue date. » Contactée, l’entreprise en question n’a pas été en mesure de nous répondre ce vendredi.
« C’est terrible, réagit ce vendredi Sophie Rigault, la maire (LR) qui s’est rendue sur les lieux peu de temps après les faits. Je pense beaucoup à la famille. Quand on part le matin pour aller travailler, on n’imagine pas ne pas rentrer le soir… Pour ses collègues aussi, ce doit être extrêmement choquant. J’espère que l’enquête permettra de déterminer ce qu’il s’est passé. »
De son côté, le bailleur indique avoir mis en place une cellule d’accompagnement pour la gardienne, présente au moment du drame, et pour les salariés qui travaillent sur ce projet de réhabilitation.
« Aucun mot n’a été laissé pour la famille. Imaginez si elle venait se recueillir ici, c’est dur. Rien n’a été fait pour ce pauvre homme, regrette Nadine, bouleversée. J’ai pensé à déposer des fleurs pour lui. Mais voir ces traces de sang au sol me glace. On aurait dû mieux nettoyer, il y a des enfants qui passent par là. »