Une affaire sordide en plein Madrid. Selon plusieurs médias espagnols, dont Le paysplusieurs employés d’un centre d’appels téléphoniques ont continué de travailler alors qu’une de leur collègue venait de faire une crise cardiaque. Quatre d’entre eux seraient même restés plus de deux heures, selon un délégué syndical.
Les faits se sont déroulés lundi, dans les bureaux madrilènes de la multinationale espagnole Konecta, spécialisée dans les centres d’appels téléphoniques. Aux alentours de 12h30, Inma, une employée âgée de 57 ans, fait un malaise cardiaque et s’effondre. Les secours interviennent en nombre et rapidement mais, malgré leurs efforts, ne parviennent pas à la réanimer.
Un employé aurait été obligé de rester
Les minutes qui suivent ce drame sont très confuses, selon le récit d’El País, qui se base sur les témoignages d’employés de l’entreprise et de délégués syndicaux. Les voisins de bureau d’Inma se seraient levés, sous le choc. Mais dans l’open space, qui compte 70 postes, certains collègues « ne lèvent même pas les yeux ».
Pire encore : un des employés, dans un état de confusion après ce qu’il venait de se passer, demande à rentrer chez lui. Une demande refusée par sa hiérarchie car son travail est « un service essentiel », assurent trois syndiqués de la CGT (Confederación general del trabajo) auprès d’El País.
Aux alentours de 14 heures, soit plus d’une heure après le décès de l’employée, une responsable du groupe Konecta arrive sur place et ordonne aux employés encore présents de quitter les lieux. Les médias espagnols ne précisent pas le nombre d’employés encore sur place à ce moment précis.
L’entreprise se défend
Mais à 15h10, Miguel Ángel Salinas, délégué CGT à la prévention des risques professionnels, se rend dans les locaux et découvre que quatre employés sont encore en train de travailler. Le cadavre d’Inma, recouvert, est toujours là. Ils ont donc passé environ deux heures et quarante minutes aux côtés du cadavre de leur collègue. Inquiet, il demande à l’un des quatre employés s’il se sent bien. Ce dernier lui aurait tout simplement répondu : « Je finis ça et je m’en vais ».
Cette affaire a pris une grosse ampleur en Espagne. Interrogé, un porte-parole de Konecta a assuré que « personne n’a été forcé de travailler à côté du cadavre ». Contactés par El País, quatre employés corroborent la version de l’entreprise. La CGT, elle, affirme que certains des collègues d’Inma ont continué à travailler par « inertie, habitués à un système de travail automatisé et déshumanisé où l’option instinctive est de continuer à prendre les appels ».
À la suite de ce drame, Konecta annonce avoir autorisé le télétravail pour les employés qui souhaitent en bénéficier. L’entreprise assure également se concentrer sur la prise en charge des proches de la défunte. « Nous prenons grand soin des personnes qui travaillent pour nous. Ils sont pris en charge et appréciés », assure-t-elle enfin.