Et les heureux propriétaires sont… Au conseil municipal du 17 juin, Ouistreham (Calvados) a dévoilé à qui ont été attribués les terrains de la pointe du Siège mis en vente par la municipalité en février. Des parcelles tout près de la mer, tombées du ciel après l’abandon d’un projet d’extension du port. « J’étais tenté de déposer un dossier, glisse Michel, 81 ans, en plein mots fléchés au soleil en cette fin juin. Mais les prix ont flambé. » Prix de base : 100 € du mètre carré. « C’est une estimation du service des Domaines à laquelle on devait se conformer, explique la mairie. Mais vu l’attractivité de la zone attractive et l’opportunité, les offres ont atteint jusqu’à cinq à six fois le prix. »
Environ 1000 personnes étaient venues visiter les treize parcelles cet hiver, un prérequis. Pas moins de 554 offres avaient été déposées, soit en moyenne près de 45 par parcelle ! Des offres classées par une étude notariale selon la nature du projet et la proposition financière. En fin de compte, les treize parcelles (entre 306 m2 et 489 m2) ont donc aisément trouvé preneur : de 65 000 € à 261 000 €, pour un total légèrement supérieur à 1,6 million d’euros. « Un chiffre encore théorique car les ventes sont conditionnés à l’obtention d’un permis de construire et la purge des éventuels recours », prend néanmoins soin de préciser la mairie.
« Ce sont des locaux, ils seront là régulièrement »
Car ce secteur, dans l’est de la commune, vers l’embouchure de l’Orneest réglementé, à commencer par un plan local d’urbanisme strict. Les constructions sont basses, les possibilités d’agrandissements ténues. « C’est bien que les conditions soient drastiques. Il faut que ça reste sauvage », commentent d’ailleurs Colette et Michel, familiers du secteur depuis plus de 60 ans. Le quartier est paisible, séparé de la mer par un espace de verdure piétonnier. « Les oiseaux chantonnent et même si la baignade est interdite, on y est très bien. Si j’avais eu un terrain, j’y serais à plein temps », sourit le retraité.
Pas rancunier, il voit d’un bon œil l’opération immobilière, qui va permettre aux parcelles d’être entretenues, alors que certaines sont en friche. Quelques reliques de barrières d’antan, rouillées, ont mal vieilli. « Au prix qu’ils ont payé, les gens vont vouloir faire les choses bien avec leur terrain », entend-t-on sur place.
Les actuels résidents de la pointe du Siège ne sont d’ailleurs pas fâchés par l’arrivée prochaine de ces futurs voisins. « Comme il fallait venir visiter en personne, ce sont essentiellement des locaux, fait valoir la municipalité. On aura des gens qui seront là régulièrement. » Les heureux élus doivent désormais déposer leur demande de permis de construire, instruite par la ville puis par l’Etat, dans le respect de la Loi littoral. Les premiers « emménagements » sont espérés fin 2024.