Les enquêtes pour violences policières s’accumulent à Marseille. Un quatrième dossier a été révélé ce mardi, celui d’un trentenaire présentant sept fractures au visage à la suite des émeutes.
Après Mohamed Bendriss mort le 1er juilletfils cousin Abdelkarim éborgné par un tir de LBD et Hedi dont une partie du crâne a été amputéedes soupçons de violences policières planent sur le cas d’Otman lourdement blessé au visage. « Je n’arrive plus à sortir de chez moi, dès que je dois faire une course, aller dehors me stresse. Je ne suis plus le même », témoigne-t-il auprès du site d’informations locales Marsactu.
Vers 23 heures, dans la nuit du 1er au 2 juillet, Otman sort d’un tabac qui vient d’être pillé, dans le quartier de La Plaine, explique Marsactu. C’est alors qu’il aurait été violemment interpellé par des policiers, une agression pour laquelle il a porté plainte le 19 juillet avant d’être convoqué deux jours plus tard par la police des polices, l’IGPN, chargée de l’enquête.
« Violences en réunion avec arme »
« De très nombreux éléments dans le dossier indiquent qu’il a été frappé par plusieurs personnes », entraînant une perte de connaissance et sept fractures au visage, assure son avocat, Me Nicolas Chambardon.
Ce mardi, un policier a été placé en garde à vue dans ce dossier. Il est soupçonné de « violences en réunion avec arme entraînant une incapacité totale de travail (ITT) de plus de huit jours par personne dépositaire de l’autorité publique », « d’abus d’autorité pour faire échec à l’exécution de la loi » et de « menace ou acte d’intimidation en vue de déterminer une victime à ne pas déposer plainte ou à se rétracter », a détaillé la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, confirmant l’information de Libération.
Otman, qui assume un « long casier judiciaire » de vols à l’arrachée et de violences, dont une affaire de violence conjugale, a expliqué de son côté dans Marsactu qu’il est allé porter plainte pour « la première fois de (s) a vie » : « Ceux qui m’ont frappé doivent eux aussi être condamnés ».
Il s’agit de la quatrième affaire de violences policières présumées dans la deuxième ville de France en marge de cet épisode de violences urbaines qui avait embrasé le pays à la suite du décès du jeune Naheltué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre fin juin. Et de la troisième affaire, donc pour la seule nuit du 1er au 2 juillet, celle au cours de laquelle Mohamed Bendriss est décédé et Hédi a été gravement blessé.
Le policier de l’affaire Hedi auditionné
Sur la trentaine d’enquêtes ouvertes par la police des polices sur le territoire national, la cité phocéenne recense le seul mort et sans doute le plus grand nombre de blessés. « Il faut regarder de très, très près dans quel cadre ces missions sont exercées » et renforcer « la question de formation des policiers », estime Me Chambardon.
Cette garde à vue intervient alors qu’un policier de la brigade anticriminalité de Marseille (BAC) doit être entendu ce mercredi matin par des juges d’instruction dans le cadre de l’affaire Hedi. Ce fonctionnaire, qui avait d’abord nié son implication, a finalement reconnu un tir de LBD lors d’une audience début aoûtau cours de laquelle il contestait son placement en détention provisoire. Cette incarcération avait déclenché une fronde dans la police et une polémique après les propos de Frédéric Veaux, patron de la police dans nos colonnes qui estimait qu’un « policier n’a pas sa place en prison » avant un éventuel procès.
La cour d’appel d’Aix-en-Provence avait cependant décidé de le maintenir en détention face au risque de concertation avec les trois autres policiers mis en cause« dans l’attente de ce nouvel interrogatoire » ce mercredi, au cours duquel il devrait confirmer cette nouvelle version. La justice avait aussi souligné que sa « dénégation fallacieuse » initiale avait jeté « le discrédit sur l’ensemble de ses propos ».
« En aucun cas j’en veux à l’ensemble des policiers », mais « il y a certains moutons noirs qu’il faut éloigner du troupeau », avait déclaré Hedi fin juillet.