Un des hommes soupçonnés d’avoir pris part à l’assassinat de la conseillère municipale de Rio de Janeiro Marielle Franco est passé aux aveux après avoir noué un accord avec les autorités, a annoncé lundi le ministre brésilien de la Justice. Mais les enquêteurs cherchent encore les commanditaires de ce crime qui a choqué le Brésil et le monde.
Marielle Franco, élue noire qui a grandi dans une favela de Rio, a été tuée avec son chauffeur, Anderson Gomes, le 14 mars 2018, à l’âge de 38 ans. Sa voiture a été criblée de balles alors qu’elle rentrait d’une réunion en centre-ville.
Un an après, les autorités ont arrêté deux anciens policiers, Ronnie Lessa, tireur présumé, et Elcio de Queiroz, soupçonné d’avoir conduit le véhicule dans lequel son acolyte se trouvait.
Tournant majeur dans l’enquête qui semblait patiner ces dernières années, le ministre de la Justice Flavio Dino a annoncé lundi qu’Elcio de Queiroz avait « confirmé sa participation et celle de Ronnie Lessa » au crime.
Un autre suspect arrêté
Le ministre a également expliqué que ces aveux avaient conduit à l’arrestation lundi d’un autre suspect par la police fédérale, l’ancien pompier Maxwell Simoes Correa. Sept perquisitions ont également été menées dans la matinée à Rio dans le cadre de l’enquête.
Le directeur de la police fédérale, Andrei Rodrigues, a expliqué en conférence de presse que Maxwell Simoes Correa « avait eu un rôle important, avant et après le crime », notamment pour « la surveillance » des allées et venues de Marielle Franco pour planifier son assassinat.
Le ministre de la Justice a assuré que les aveux avaient permis de « conclure la phase de l’enquête concernant l’exécution du crime ». « Ces aveux sont extrêmement importants. Ils confirment quelle a été la dynamique du crime et nous avons l’espoir qu’ils vont permettre d’arriver aux commanditaires », a insisté Flavio Dino, qui a précisé que les contreparties négociées en échange des aveux du suspect étaient confidentielles.
Une élue engagée contre les milices
En mars 2019, au moment de l’arrestation de Ronnie Lessa et d’Elcio de Queiroz, le parquet de Rio affirmait que l’hypothèse principale était que « Marielle Franco avait été victime d’une exécution sommaire en raison de son action politique et des causes qu’elle défendait ».
Le ministre Flavio Dino a également assuré lundi qu’il était « indiscutable que d’autres personnes étaient impliquées dans le crime », au-delà des trois suspects déjà arrêtés, et que « les nouvelles preuves recueillies indiquent qu’il y a un fort lien entre cet assassinat et le crime organisé et les milices ». Marielle Franco dénonçait souvent les exactions de ces milices.
Élue du parti de gauche PSOL, elle militait de longue date contre la violence policière et pour les droits des habitants des quartiers pauvres, notamment les jeunes Noirs, les femmes et les membres de la communauté LGBT.
Suivant son exemple, de nombreuses femmes noires se sont lancées dans la politique après sa mort. Sa sœur, Anielle Franco, est la ministre de l’Égalité raciale du gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. « Je réaffirme ma confiance dans l’enquête de la police fédérale et je répète la question que je pose depuis cinq ans : qui a commandité le meurtre de Marielle et pourquoi ? », a tweeté Anielle Franco.
Les noms de plusieurs élus de Rio de Janeiro liés aux milices ont été cités dans la presse, après la fuite d’éléments de l’enquête, mais aucune accusation n’a été officiellement portée. L’enquête est longtemps restée du ressort du parquet de Rio mais elle a été prise en main par la Police fédérale en février, après l’arrivée au pouvoir de Luiz Inacio Lula da Silva.