Le stade vélodrome de Roubaix est plutôt habitué aux arrivées festives de la légendaire course cycliste Paris-Roubaix. Le samedi 27 janvier, il a été le théâtre d’une fin de match houleuse entre les moins de 18 ans féminins du RC Roubaix-Wervicq et leurs homologues de l’AS Beauvais Oise en Régional 1. Sasha, une joueuse de Roubaix, a été transportée au CHR de Lille après des échauffourées. Elle est ressortie le soir même souffrant d’un traumatisme crânien et des douleurs au niveau des cervicales.
Le lendemain, dimanche, Jean-Baptiste Gallen a posté une vidéo sur les réseaux sociaux. Le regard déterminé et les propos sans ambiguïtés, le président du RC Roubaix-Wervicq, affiche une détermination inébranlable. « J’ai une de mes joueuses qui a dû être hospitalisée dû à des coups pris à la tête d’une dirigeante de Beauvais. Dès aujourd’hui, je refuserais systématiquement de jouer à Beauvais ou de recevoir Beauvais dans n’importe quelle catégorie. Si la Ligue des Hauts-de-France, si le District des Flandres, si la Fédé et toutes les institutions ne font pas quelque chose par rapport à ça. J’annoncerai la démission de toutes nos équipes de n’importe quel de nos championnats. Même quitte à arrêter le club de football. »
La vidéo est vue plus de 25 000 fois et le patron roubaisien y voit comme un signe : « J’ai monté ce club, il y a cinq ans, car le foot féminin était à mes yeux un sport qui véhicule encore des valeurs de respect de soi, de l’adversaire, de l’arbitre et du beau jeu. Cette agression brise cette image que j’avais. C’est dans cet esprit que j’ai fait la vidéo dimanche. J’étais désespéré. Comment c’est possible de donner un coup de pied à la tête d’une enfant au sol ? Elle aurait pu être tuée. »
« Ce sera eux ou nous »
Pour Gallien, seules des décisions fermes pourront sauver le foot féminin des maux de son homologue masculin : « Je demande la dissolution de la section féminine de l’ASBO, affirme-t-il. Des moins de 16 ans aux seniors. Dans cette histoire, il faut frapper fort. Ce sera eux ou nous. Moi, je n’ai aucune ambition politique, si je dois quitter le foot, cela ne me pose aucun problème. Le plus important reste la santé de mes joueuses. »
Élève en classe de sport-études dans un lycée à Roubaix, Sasha a repris l’école mercredi pour deux heures seulement. « Sasha vit un véritable traumatisme, raconte David Devogel, son entraîneur mais aussi son prof d’EPS. Elle associe le foot à son agression. Or, le foot était sa passion. Elle a toujours des maux de tête et fait des cauchemars. Elle a eu un trou noir. On est dans un protocole de commotion cérébrale de quinze jours mis en place par la Fédé. Elle est aussi en rupture scolaire depuis samedi. Notre première préoccupation est de l’aider à se rétablir. »
Côté beauvaisien, l’ASBO a une vision totalement différence de l’affaire. Le club picard a lui aussi décidé de réagir aux propos tenus par le responsable roubaisien et a répondu par un communiqué sur son site Internet. « Au cours de la première période, des propos racistes ont été tenus par les joueuses de Roubaix, engendrant un climat tendu entre les deux équipes. À la fin du match, certaines joueuses de part et d’autre ont refusé de se serrer la main, et à ce moment-là des parents des joueuses de Roubaix ont envahi le terrain et se sont précipités sur le banc de touche de Beauvais où se trouvait une joueuse dirigeante mineure de 16 ans et aucune autre adulte. »
L’arbitre indique que les torts sont partagés
L’ASBO a porté plainte mardi pour diffamation envers le président de Roubaix. « C’est grave de dire qu’un adulte de Beauvais a frappé une jeune de 16 ans, explique Sylvain Reghem, l’un des deux présidents avec Guillaume Godin. On essaye de dire que l’ASBO est un club de voyou. C’est difficile d’entendre ça alors qu’on travaille tous les jours d’arrache-pied. Nous n’avons jamais eu de problèmes. Tout est parti des propos racistes de joueuses de Roubaix envers les nôtres. Ce n’est pas la première fois que cela nous arrive d’ailleurs. Quand cela arrive, il faudrait quitter le terrain. Je ne veux pas minimiser les faits. Heureusement que nous avons des vidéos pour prouver notre bonne foi. Ce sont deux joueuses de 16 ans qui se sont battues. Certes, c’est regrettable. Mais Il n’y a rien du tout. D’ailleurs, la joueuse de Roubaix est sortie le soir-même de l’hôpital sans rien de grave. »
Dans son rapport, l’arbitre indique que les torts sont partagés par les deux équipes. Ce samedi, la commission de discipline de la Ligue des Hauts-de-France doit étudier le dossier. Sur le plan pénal, la famille de Sasha a porté plainte pour coups et blessures.